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COURS IFSI

Cours IFSI - L’activité physique adaptée contre la phlébite

Publié le 23/05/2017

La thrombose veineuse, aussi appelée phlébite, est un trouble cardiovasculaire qui altère la circulation sanguine et qui peut s’avérer grave. Quels sont les différents types de phlébites ? Quelles sont les complications possibles de ce trouble cardiovasculaire ? Comment y faire face ? Des étudiants en Master 2 STAPS APPS (Activité Physique pour la Santé) à Montpellier nous confient leur travail de recherche.

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), on compte entre 50 000 et 100 000 phlébites chaque année dans l’hexagone et 40 000 embolies pulmonaires par an.

La thrombose veineuse, plus communément appelée phlébite , est un trouble cardiovasculaire altérant la circulation sanguine. Elle correspond à la formation d’un caillot de sang (thrombus) occasionnant l’obstruction du réseau veineux. Cet incident, similaire à un bouchon, est situé le plus fréquemment au niveau des membres inférieurs.

Deux types de phlébites se différencient par leur localisation, leurs conséquences et leurs traitements. 

  • La thrombose veineuse superficielle (phlébite superficielle ou paraphlébite), la plus courante, touche les petites veines. Elle est généralement caractérisée comme un signe d’insuffisance veineuse. 
  • La thrombose veineuse profonde (phlébite artérielle) est la plus dangereuse puisqu’elle concerne les veines avec un débit sanguin important, situées à l’intérieur des muscles des jambes. En effet, le caillot de sang peut y être plus imposant et il risque de se déplacer plus facilement dans le système veineux. Cela augmente considérablement le risque d’embolie pulmonaire (migration du caillot de sang provoquant un blocage des veines pulmonaires avec un risque d’arrêt cardiaque).

Quelles sont les causes de la phlébite ? 

L’apparition de phlébite profonde peut survenir suite à un événement tel qu’une intervention chirurgicale majeure, un cancer, un traumatisme osseux, un accident cardiovasculaire, un alitement prolongé, une maladie rénale, une grossesse ou suite à un accouchement. Les antécédents familiaux de phlébite, l’obésité, l’insuffisance cardiaque, l’avancée en âge ou encore les maladies inflammatoires intestinales sont des facteurs favorisants l’apparition.

Il est important de retenir que le caillot est favorisé par la présence de cholestérol dans le sang. Plus le taux de « mauvais cholestérol » (LDL) apparaît élevé, plus le risque est augmenté. En revanche, le « bon cholestérol » (HDL) a un pouvoir protecteur vasculaire. D’importantes corrélations ont aussi été établies entre la pression artérielle et le risque d’événement cardiovasculaire (en particulier l’infarctus). Plus la pression est élevée, plus le risque est élevé.

Des complications possibles ?

Le corps humain établit un équilibre entre la circulation sanguine et la coagulation du sang pour permettre la protection de l'organisme contre les risques de thrombose. Si cet équilibre est mis à mal, la protection ne peut être assurée. Les complications sont différentes en fonction de la localisation du caillot.

Les phlébites superficielles sont majorées en cas d'insuffisance veineuse ou de présence de varices ou d’ulcères par exemple. Les complications de la phlébite profonde sont plus graves dans les cas les plus graves, cela peut entraîner une embolie pulmonaire, une infection grave ou le décès. L’obstruction provoquée par le caillot altère également les valvules anti-reflux à l'intérieur des veines aidant à la circulation du sang en empêchant le reflux. 

A savoir - La phlébite superficielle a longtemps été jugée comme sans gravité. Cependant, de récentes études montrent que dans certains cas, la phlébite superficielle peut conduire à une phlébite profonde. En effet, 25% des phlébites recensées s’accompagnent d’une aggravation : touche une artère et/ou embolie pulmonaire (Decousus et al., 2010).

La phlébite : quelle prise en charge ? 

Certains symptômes doivent pousser à consulter un spécialiste : 

  • respiration difficile, dyspnée (sensation d’essoufflement) ;
  • tachycardie ;
  • importantes douleurs dans la poitrine ;
  • malaise ou perte de connaissance ;
  • crachats contenant du sang ;
  • sensation de courbatures.

Quelles sont les recommandations ? 

Afin de soulager la douleur et faciliter la mobilité, des bas de contention et le surélèvement des jambes sont préconisés. Différentes thérapies sont proposées par les médecins pour faire face aux thromboses : médicamenteuses (anticoagulants), mécaniques (contention) ou encore comportementales (par la pratique d’une activité physique régulière). Enfin, un alitement systématique n’est pas conseillé, au contraire une mobilisation précoce est recommandée dès qu’elle est possible. 

Voici les 6 règles d'or à respecter lors du traitement :

  1. consulter régulièrement son médecin ;
  2. respecter la dose de médicaments prescrite ainsi que les heures de prise ;
  3. signaler la prise du traitement aux professionnels de santé consultés (pharmacien, dentiste…) ;
  4. demander l'avis de son médecin pour toutes autres prises de médicaments et projets de voyage ;
  5. avoir une bonne hygiène de vie : la pratique d’une activité physique régulière couplée à une alimentation saine et équilibrée ;
  6. en cas de saignement, contacter rapidement son médecin ou appeler le 15 ou le 112. 

Entre 50 000 et 100 000 cas de phlébites recensés chaque année en France 

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), on compte entre 50 000 et 100 000 phlébites chaque année dans l’hexagone et 40 000 embolies pulmonaires par an. Sur ces cas recensés, l’âge moyen est de 62 ans et concerne 62% de femmes contre 38% d’hommes. L’embolie pulmonaire occupe la troisième cause de mortalité vasculaire dans le monde (après l’infarctus du myocarde et l’AVC). Malgré cette proportion importante de personnes concernées, la maladie reste assez méconnue du grand public. Aujourd’hui, 85 % des Français questionnés ont entendu parler de la phlébite, mais parmi eux, seulement 19% sont capables de citer les principaux symptômes, rapporte une enquête de l’IFOP par Bayer HealthCare.

L’Activité Physique Adaptée peut-elle aider le traitement de la phlébite ?

La pratique d’activité physique non seulement est possible en cas de phlébite, mais elle est même recommandée et ce malgré la présence d’un caillot de sang dans le système veineux superficiel ou profond. Celle-ci doit évidemment être adaptée à la pathologie. 

Comment définir l’Activité Physique Adaptée ?

L’APA peut se définir comme l’intervention professionnelle, basée sur des connaissances scientifiques, visant à améliorer la qualité de vie physique, psychologique et sociale des personnes à besoins spécifiques de santé grâce à la mise en place d’activités physiques, sportives et artistiques. Cette discipline est enseignée par des Enseignants en Activité Physique Adaptée (EAPA). Cette pratique a de nombreux bienfaits sur l'hypertension artérielle, les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, l’ostéoporose ainsi que sur la limitation de l’apparition de certains cancers (sein et colon). Choisir un style de vie actif induit la pratique d’une activité physique de façon régulière (emploi, loisir, déplacements, bricolage…) afin d’en bénéficier les bienfaits. 

La pratique d’APA a des effets positifs avant et après avoir développé une phlébite, mais également sur les symptômes post-thrombotiques. Une pratique régulière d’APA permet en effet de diminuer le risque de formation de caillots sanguins, selon Van Stralen et al., 2007. Les mêmes auteurs soulignent l’importance de la fréquence de pratique, de l’intensité et de la nature de l’activité physique afin d’adapter au mieux à la pathologie. Il a été observé qu’après une opération chirurgicale, l’APA n'aggrave pas les syndromes post-thrombotiques, au contraire (Shrier et al., 2005). Plus l’activité physique est intense, plus elle a un effet protecteur sur les syndromes post-thrombotiques. La marche permet de réduire les symptômes associés à la pathologie. De plus, c’est une activité sans danger pour les personnes ayant une phlébite profonde puisqu’elle permet une grande adaptation de la pratique (Kahn et al., 2008).

Malgré la présence d’un caillot de sang dans le système veineux superficiel ou profond, la pratique d’activité physique est possible et même recommandée.

Comment adapter la pratique ?

La pratique d’APA doit toujours être en accord avec un médecin et la reprise doit être progressive. La marche, le vélo et la natation sont des pratiques à privilégier, car elles n’induisent pas de choc au niveau des jambes et participent au bon retour veineux et à une meilleure activité cardiovasculaire. Les activités aquatiques (natation, aquagym, randonnée aquatique, etc…) sont également des pratiques idéales puisque l’eau favorise la vasoconstriction. Il est aussi très recommandé de varier les activités afin d’éviter la routine. Le port de bas de compression est préconisé, surtout lors de la pratique d’une activité physique telle que la marche. Enfin, il est indispensable d’adopter une bonne hygiène de vie (éviter de fumer, avoir une alimentation saine et équilibrée …).

Il existe cependant des contre-indications : 

  • courir avec des chaussures à semelles plates car les chocs y sont beaucoup plus importants ;
  • les bains brûlants et les douches chaudes (> 37°C) ;
  • les vêtements trop serrés ;
  • rester alité après une opération chirurgicale traitant la phlébite.

Les phlébites sont assez rares chez les personnes pratiquant plus d’une heure d’activité physique par semaine (de 0,5% à 2,5% pour 1 000 personnes).

Qu’en est-il de la phlébite chez le sportif ? 

Ce problème vasculaire est assez rare chez les personnes pratiquant plus d’une heure d’activité physique par semaine (de 0,5% à 2,5% pour 1 000 personnes). Ce chiffre est ainsi nettement moins important chez les sportifs que chez les personnes sédentaires. Généralement, les activités physiques d’endurance, comme la course à pied notamment, sont plus propices à la phlébite que les sports dits de “résistance” (Van Stralen et al., 2007). Généralement, la phlébite arrive à la suite d’un traumatisme ou bien du traitement induit par un choc. Ainsi, chez les sportifs, le traitement est similaire à celui de l’ensemble de la population puisque la prise d’anticoagulants dépendra du lieu de la phlébite, de l’élément déclenchant, de l’étiologie et sera fonction des risques d’hémorragie. Aucune étude ne précise le temps nécessaire pour un retour à la compétition, tout dépendra de la gravité et de la localisation du thrombus.

Voici un programme type d’activité physique conseillé :

  • semaine 1 à 3 : retour progressif aux activités physiques modérées ;
  • semaine 4 à 6 : augmentation progressive des activités sans contact corporel et/ou risque de chute ;
  • ensuite : maintien d’une activité physique modérée régulière avec les conseils de votre médecin.

Il est important de prendre la phlébite au sérieux, même chez les sportifs. La reprise de l’activité physique doit être progressive, adaptée, en faisant preuve de précaution et de bon sens. Les professionnels EAPA sont aussi là pour mettre en place une pratique adaptée, ludique et en toute sécurité.

Bibliographie 

  • Decousus, H., Quéré, I., Presles, E., Becker, F., Barrellier, M. T., Chanut, M., & Pichot, O. Superficial Venous Thrombosis and Venous ThromboembolismA Large, Prospective Epidemiologic Study. Annals of Internal Medicine, 152(4), 218-224 ; 2010. 
  • Kahn, 2008 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18078981
  • Shrier, 2005 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15809562 
  • Van Stralen et al., 2007: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1538-7836.2007.02732.x/full 
  • Prescrire Rédaction “Prévention primaire des embolies pulmonaires. Première partie. Reconnaitre les facteurs de risque d’embolie pulmonaire. Evènement déclenchant et contexte à risque souvent présents” Rev Prescrire 2002; 22(229): 440-449.
  • Lip GYH et col. “Overview of the treatment of lower extremity deep vein thrombosis (DVT)” UpToDate 2016. 

Sources 

  • Enquête IFOP par Bayer HealthCare - « La phlébite : 2 Français sur 3 ne connaissent pas les 3 principaux symptômes »
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La thrombose veineuse (phlébite). Site internet : Inserm. Paris ; 2015.
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La thrombose veineuse superficielle enfin traitée. Site internet : Inserm. Paris ; 2010.
  • Collège des enseignants de cardiologie et maladies vasculaires. Thrombose veineuse et profonde et embolie pulmonaire. Site internet : Campus de cardiologie et maladies cardiovasculaires de l'université médicale virtuelle francophone. Nantes (France) ; 2011.
  • Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Prévention et traitement de la maladie thromboembolique veineuse en médecine - Recommandations de bonne pratique. Site internet : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Saint-Denis (France) ; 2009.
  • Haute Autorité de santé (HAS). La compression médicale en prévention de la thrombose veineuse. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2010.
  • Van Stralen KJ, Le Cessie S, Rosendaal FR, Doggen CJ. Regular sports activities decrease the risk of venoGuy, J.-M. (s. d.). us thrombosis. J Thromb Haemost 2007 ; 5 : 2186-92. 
  • Activité physique et thrombose veineuse
  • Phlébite
  • Embolie pulmonaire

Manon BOURAUD Vincent FILOULaure MAUCOURT Mélanie BILLONÉtudiants en Master 2 APPS STAPS, Montpellier


Source : infirmiers.com