La 28e édition parisienne du Salon Infirmier, du 14 au 16 octobre, se termine. Comme chaque année, cette « grand-messe » de la profession attire nombre d'infirmiers et étudiants en quête d'informations, de formation et d'échanges. Retour sur quelques moments et témoignages forts qui illustrent des préoccupations récurrentes pas toujours entendues par la tutelle...
Beaucoup d'ESI, peu d'IDE
Une fois encore, le Salon Infirmier a été marqué par une forte présence d'étudiants infirmiers (ESI) venus notamment prendre la température du marché de l'emploi, et glaner quelques informations susceptibles de leur servir dans un futur proche. Au regard de la diminution des embauches, les instituts de formation en soins infirmiers ont en effet souhaité aider leurs étudiants à anticiper leur entrée dans la vie professionnelle. Certes, nous sommes ici aujourd'hui pour assister aux ateliers et conférences, afin de parfaire notre formation, mais nous souhaitons surtout repérer et rencontrer les recruteurs potentiels
, affirme Marine, étudiante en 3ème année à l'IFSI Santélys de Loos dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour Nathalie, infirmière depuis 25 ans, l'intérêt est quelque peu différent, je suis venue aujourd'hui afin de m'informer des nouveautés qui touchent la profession. C'est un métier qui évolue et je pense qu'il est important de s'intéresser à ce qui se fait un peu partout. Toutefois je reste surprise. J'étais venue il y a deux ans, et le salon semble d'une moindre ampleur cette année
. Repérées aussi, deux infirmières libérales sur un stand de matériel de dispositifs médicaux visant à sécuriser leur exercice, une des préoccupations majeures des IDEL aujourd'hui… Parmi les stands suscitant le plus d'intérêt, citons l'OGDPC (et pour cause notamment pour les IDEL
), les recruteurs (il semble, et c'est heureux, qu'il y ait encore des postes à pourvoir...), les associations et syndicats professionnels (toujours très impliqués à défendre leurs spécificités) et l'Ordre infirmier mobilisé pour informer sur ses missions et rappeler que la sortie de son Code de déontologie est toujours attendue... et ce, avant le 31 décembre prochain...
Sur le stand de la CNI, à la roue de "l'infortune", les infirmières sont toujours gagnantes...
Quand la ministre de la Santé snobe le Salon Infirmier…
La venue du -ou de la- ministre de la santé est un moment toujours très attendu
. Cela constitue en effet un instant fort et marquant pour la profession infirmière et ses représentants, témoin de l'intérêt des tutelles à son égard. Attendue de pied ferme cette année le jeudi 15 octobre, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, ne s'est jamais présentée. Beaucoup s'en sont indignés, à commencer par Thierry Amouroux, Secrétaire Général du SNPI : Hélas, malgré un trou dans son agenda officiel entre l’heure du repas et les Questions d’actualité au Gouvernement à 15h, mercredi et jeudi, Marisol Touraine n’a pas daigné rencontrer la première profession de santé de France !
. Même discours du côté de la CNI qui par la voix de sa présidente, Nathalie Depoire, considère que cette non-communication [ministérielle] témoigne d’une arrogance et d’un mépris insupportables [...] Après avoir l’an dernier réalisé une visite éclair sans prononcer de discours, Marisol Touraine va plus loin et fait le choix de « zapper » ce salon […] Pourtant, si la Ministre ne voulait ou ne pouvait être physiquement présente, un membre de son cabinet aurait pu la représenter et adresser un message à la profession, ce qui aurait témoigné d’un minimum de respect face à des professionnels qui eux ne sont pas aux abonnés absents mais au quotidien sur le pont, au cœur de bien des turbulences
. Pour cette rituelle visite des stands, le ministère de la santé a donc « missionné » Michèle Lenoir-Salfati, sous-directrice des ressources humaines du système de santé de la DGOS. Cette dernière a réalisé l’exercice laissant dans son sillage nombre de visiteurs interrogatifs, se demandant bien qui était cette dame très entourée…
, souligne ironiquement Nathalie Depoire. Néanmoins, Michèle Lenoir-Salfati a affirmé d'emblée que sa présence marquait la volonté des services du ministère de montrer leur intérêt pour la profession infirmière et à l'écoute de leurs problématiques
. Afin de le démontrer, au cours de sa visite, elle s'est efforcée d'adresser quelques mots aux acteurs représentatifs de la profession. L'Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants (ANDPE), particulièrement impliquée cette année sur le salon par l'animation d'un gros espace, a retenu l'attention de Michèle Lenoir-Salfati lors d'un rapide échange, comme en témoigne Anne Donné, Déléguée Régionale PACA-Corse de l'ANDPE : notre problématique est la réingénierie de notre diplôme. Nous souhaitons, de même que les IBODE et les cadres de santé, être pourvues d'un master, d'autant que notre programme d'études n'a pas été révisé depuis trente ans ! Certes, le ministère semble ne pas nous oublier, toutefois je ne suis pas convaincue et reste sceptique… ça fait juste cinq ans qu'on nous balade. Je suis un peu usée et j'ai du mal à y croire
.
Nathalie Depoire, présidente de la CNI : « Cherche ministre désespérément ».
Michèle Lenoir-Salfati, joker de la ministre, s’est empressée d’assurer que sa présence témoignait de l’intérêt du ministère de la Santé à l'égard de la profession infirmière...
Du côté des étudiants…
Les étudiants en soins infirmiers, représentés par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI), ont également interpellé Michèle Lenoir-Salfati sur leur stand. Nous l'avons alertée sur plusieurs points. Des groupes de travail sont actuellement en cours, notamment sur la réforme de la gouvernance et la formation des tuteurs de stage
, précise Lisa Cann, Présidente de la FNESI. Et de poursuivre : Concernant la gouvernance, nous ne pouvons rien présager pour l'instant. Par contre, en ce qui concerne la formation des tuteurs de stage, nous avons le sentiment que le cadrage du sujet n'est pas le bon. Obtenir une formation précise, diplômante et reconnue, tel est le but
. Autre problématique abordée par la FNESI : l'évolution des budgets de l'enseignement supérieur et la diminution du budget des régions, ces dernières ponctionnant pour le moment sur leurs fonds propres pour financer les formations sanitaires et sociales. Le manque de moyens a d'ores et déjà des effets délétères sur la formation. Les étudiants du sanitaire et du social (réseau FAGE -étudiants en soins infirmiers, étudiants masseurs-kinésithérapeutes…-) ont donc décidé de se mobiliser ce vendredi 16 octobre à 14h à Paris. La FNESI se montre donc déterminée, par la voix de sa présidente, à obtenir l'adoption de mesures destinées à améliorer les études et le quotidien des étudiants en soins infirmiers
.
Il semble donc que l'édition 2015 laisse des traces amères pour la profession infirmière, dont on le sait, les préoccupations restent toujours aussi vives, avec de nombreux foyers d'exaspération. Reste à espérer que d'ici novembre 2016 (du 16 au 18), date du prochain Salon Infirmier, des réponses auront (enfin) été apportées.
Du côté des aides-soignants…
Michèle Lenoir-Salfati a tenu à se rendre sur le stand de la Fédération nationale des associations d'aides-soignants (FNAAS) présente sur le Salon Infirmier (oui, n'oublions pas que le binôme IDE/AS a quand même bien du sens aujourd'hui à l'hôpital). Elle a répondu aux sollicitations d'Arlette Schuhler, Présidente de la FNAAS, au sujet du réajustement du décret d'actes du métier d'aide-soignant(e). Nous avons eu confirmation qu'un remaniement était en cours. C'est un long travail, sensible et précis, notamment sur la question des actes qui ne relèvent pas des compétences aides-soignantes (mesure de la glycémie capillaire, pose des bandes de contention, ablation de sondes urinaires…). Il nous faut connaître précisément ce qui constitue notre rôle propre
.
Rédaction Infirmiers.com
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