Avec l’inscription via la plateforme Parcoursup, l’universitarisation de la formation se poursuit. Cependant, pour notamment pallier le manque à gagner par les IFSI suite à la fin du concours, des frais complémentaires s’avérant illégaux seraient demandés aux étudiants en soins infirmiers. Une facturation abusive que dénonce la fédération. Celle-ci revendique donc la suppression et le remboursement de ces frais pour la rentrée 2019.
Mis à jour le 3 septembre 2019 - Le 31 août, la Fnesi a annoncé avoir saisi deux tribunaux administratifs (ceux de Paris et Nantes). En effet, des cas continuent de fleurir, si l'on en croit le succès du mot clé #PayeTonIfsi sur les réseaux sociaux. Nous continuons à avoir des remontées du terrain, dans de nouvelles facultés, avec de nouveaux frais qui voient le jour, par exemple des frais de rattrapage demandés aux étudiants
, illustre le président de la Fédération, Bilal Latrèche. Nous avons déposé il y a quelques jours deux recours, l'un à Paris, concernant les frais demandés par l'université de la Sorbonne, dont dépendent sept instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), l'autre contre le CHU de Nantes, dont dépend un institut
, a-t-il expliqué à nos confrères d'Hospimedia. Apparemment, rien qu'à Paris, plus de 2000 étudiants seraient concernés par la procédure en cours.
Logement, transport, alimentation, matériel, faire des études requiert un budget qui reste loin d’être anodin. Or, en plus des frais d’inscription et de la Contribution de Vie Etudiante et Campus (CVEC), sur 272 Instituts de formation en soins infirmiers publics, 123 obligent les étudiants à s’acquitter de frais supplémentaires, selon la Fédération nationale des étudiants en Soins infirmiers (Fnesi). Cela ne représenterait pas moins de 45% des IFSI publics.
Au vu de ces chiffres, la Fédération s’insurge rappelant que les ESI n’ont pas à payer en dépit de la gratuité promise de l’enseignement supérieur
. Dans un long dossier de presse, la Fnesi estime que ces frais illégitimes ne font qu’accentuer les discriminations des ESI par rapport aux étudiants des autres filières.
Le passage de la formation sur Parcoursup et “le manque à gagner” dû à la suppression du concours ne peuvent être un prétexte pour les instituts à pratiquer cette facturation abusive
Des étudiants comme les autres ?
Techniquement, la gratuité de l’enseignement supérieur est un des grands principes nationaux afin de démocratiser l’accès à tous aux études. En outre, les étudiants ne devraient débourser que les frais annuels d’inscription définis à l’avance par la législation et qui ont été fixés à 170 euros en 2018 ainsi que la CVEC (une cotisation fixée à 91 euros). En ce qui concerne les coûts de formation, ils doivent pouvoir être pris en charge par les régions
, souligne la fédération.
Pourtant, des dépenses annexes sont réclamées aux ESI, tantôt sans justification, tantôt légitimées pour des motifs divers : les coûts d’unités d'enseignements obligatoires à l’obtention du diplôme, la formation aux gestes de soins d’urgence (FGSU), l’accès au WIFI, les espaces numériques de travail, les photocopies, les coûts de bibliothèque universitaire, les tenues professionnelles ou encore les outils de travail… Parfois même, ces frais ne sont pas annoncés sur la plateforme d’inscription Parcoursup et ce n’est qu’une fois admis que l’étudiant découvre la somme à payer. Des montants frauduleux allant de 15€ à 335€ par an !
, s’agace la fédération. Et pour cause, cette pratique serait devenue monnaie courante. En totalité, c’est jusqu’à 335 euros de frais complémentaires
qui peuvent être demandés par an et par ESI.
Toutefois, ce ne sont pas aux étudiants de payer pour le désengagement des régions/IFSI
. En effet, selon les éléments juridiques, les montants des inscriptions en IFSI doivent être égaux à ceux de l’ensemble de l’enseignement supérieur. D’ailleurs en juillet 2018, Madame Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation l’avait clairement annoncé : les étudiants en soins infirmiers sont des étudiants comme les autres
. Ainsi, les promesses qui leur sont faites ne sont pas respectées
, s’indigne la Fnesi.
Ces pratiques creusent les inégalités entre chaque étudiant et marquent une nouvelle fois une réelle discrimination sociale dans notre formation.
Les ESI déjà en mauvaise situation financière
La précarité est déjà bien existante chez les ESI sans y ajouter des surcoûts. Selon une étude de 2017 réalisée par la fédération , 48% des étudiants estimaient avoir une mauvaise situation financière. De même, 76,5% des ESI se sentaient dans l’obligation de travailler parallèlement à leurs études ce qui, pour 51,6% d’entre eux, a un impact négatif sur le déroulé de leur formation.
D’autre part, aux frais illégaux demandés par les IFSI se rajoutent encore d’autres dépenses inhérentes à la formation. Les ESI doivent effectivement s’équiper de matériel spécifique. De plus, des frais de location et d’entretien des tenues professionnelles peuvent aussi leur être imposés. Par conséquent, un étudiant en soins infirmiers débourse en moyenne la somme de 2487, 49 euros au moment de la rentrée selon l’indicateur 2018 de la fédération. Ce qui représente 246,94 euros de plus que les étudiants d’autres filières. Enfin, la Fnesi rappelle qu’il est encore compliqué pour les ESI d’accéder aux services du CROUS malgré les efforts du ministère.
C’est pourquoi, au vu de ces constats, la Fnesi demande la suppression et le remboursement des frais complémentaires illégaux pour la rentrée 2019 mais également l’engagement des poursuites par le MESRI (responsable de la plateforme Parcoursup) à l’encontre de chaque institut n’ayant pas préalablement chiffré l’ensemble des frais relatifs à l’inscription. La fédération exige aussi un accès total aux services universitaires pour lesquels tous les étudiants cotisent sans exception et la prise en charge intégrale pour les établissements de la mise à disposition et de l’entretien des tenues de stage.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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