Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

ESI

Les frais de rentrée en IFSI atteignent des sommets en 2019 !

Publié le 22/08/2019

Encore cette année, la tirelire des étudiants en soins infirmiers en prend un coup, selon l’indicateur du coût de la rentrée 2019 présenté par la Fnesi en partenariat avec la Fage. En 2019, les ESI devront encore débourser davantage que leurs homologues des autres facultés. Pire, les frais de rentrée ont même augmenté de 5,4% par rapport à l’an dernier !

Cette année, les ESI payeront 2 622,87 € pour la rentrée, soit 337,87 € de plus que les autres étudiants de l’université.

Cette année, les étudiants en soins infirmiers payeront en moyenne 2 622,87 € à la rentrée, soit 337,87 € de plus par rapport aux autres étudiants de l’université. Pire encore, malgré la fin du concours, les ESI vont débourser davantage d’argent que l’an dernier : près de 5,4% de plus ! Et pourtant, en 2018 les frais étaient déjà élevés avec un coût moyen de 2 487,49 € .

Des chiffres impressionnants qui viennent d’être communiqués par la Fédération nationale des étudiants en Soins infirmiers (Fnesi), qui en partenariat avec la Fage publie chaque année un indicateur du coût de la rentrée. Il s’agit des frais moyen qu’un étudiant primo-entrant en licence, sans double inscription, non boursier et ne vivant plus au domicile familial dépense pour sa rentrée universitaire. Celui-ci comprend les coûts de la vie courante comme le loyer, l’alimentation ou les transports mais aussi les dépenses inhérentes à la rentrée comme les frais d’inscription, la Contribution de Vie Etudiante et Campus (CVEC) ou la souscription à une assurance logement. Mais comment cela se fait-il que les frais ont encore augmenté cette année alors que l’on s’attendait plutôt à une baisse suite à la fin du concours ? Avec l’universitarisation, pourquoi les ESI paient toujours plus cher leur formation que les autres alors qu’ils sont supposés être à présent des étudiants à part entière?

Une rentrée à la facture salée pour tout le monde

De manière générale, cette rentrée coûte plus cher que celle de 2018 pour l’ensemble des étudiants. La Fage ayant elle aussi noté une hausse des frais de 1,98%, qui serait notamment due à l’inflation. Or, selon la DREES, les ESI seraient issues des classes socio-professionnelles moins aisées, d’où l’importance que les aides sociales attribuées par les pouvoirs publics soient plus justes, dénonce la Fnesi. Le système de bourse actuel organisé sous forme de paliers entraîne des inégalités ne permettant pas à tous les étudiants de subvenir à leurs besoins pendant leur formation. C’est pourquoi la Fédération porte les positions de la FAGE au sujet de la création d’une aide globale d’indépendance. Celle-ci sera calculée en fonction de la situation de l’ESI et des revenus déclarés du foyer fiscal auquel il est rattaché garantissant une aide plus équitable et adaptée .

A 3 semaines de la rentrée, je n’ai toujours pas trouvé d’appartement rentrant dans mon budget. Je suis déjà stressé et anxieux à l’idée que septembre arrive - Hugo, futur étudiant en 1ère année

Se fournir en matériel : les ESI doivent y mettre le prix

En ce qui concerne plus spécifiquement les étudiants en soins infirmiers, ceux-ci engagent de fortes dépenses afin de se munir de tout le matériel nécessaire à leur formation. En effet, qu’ils s’agissent des tenues professionnelles et des chaussures adaptées nécessaires pour leurs stages, c’est à eux qu’incombent d’en assumer les frais. Or, les tenues peuvent coûter jusqu’à 170 € le lot. Par ailleurs, s’ils sont soumis aux mêmes réglementations que les professionnels de santé sur leur lieu de stage tant au niveau de l’hygiène que de la déontologie, ils ne peuvent en aucune façon assurer un entretien normalisé de ces tenues.

En outre, les ESI doivent se procurer la plupart du matériel à usage quotidien dans la pratique des soins infirmiers comme des ciseaux ou des pinces. Si des associations étudiantes contribuent à faire chuter les prix via des achats groupés, ces dépenses ont un impact sur le budget déjà serré des ESI. De plus, le savoir aussi a un coût : les étudiants doivent également investir pour se procurer des livres rarement bon marché. Or, ce sont des outils pédagogiques en aucun leur achat ne devrait être obligatoire. Les étudiants devraient pouvoir y avoir accès à titre gracieux. C’est pourquoi, la Fnesi demande qu’un système de prêt soit mis en place ainsi que des espaces numériques de travail.

La fédération revendique aussi la prise en charge des tenues professionnelles et des chaussures spécifiques. Une demande tout aussi nécessaire pour le porte-monnaie des étudiants que pour leur sécurité ainsi que pour celle des patients. De même, la Fnesi estime que la région devrait fournir le reste du matériel indispensable à leur apprentissage puisque c’est à elle qu’incombe la responsabilité des frais pédagogiques de la formation en soins infirmiers. D’autre part, la Fédération exige que les établissements appliquent la législation et prennent en charge les consultations médicales notamment celle chez le généraliste qui est obligatoire pour les ESI néo-arrivant afin de vérifier entre autres leur situation vaccinale.

On nous a demandé 100 € de frais pédagogiques, pour certains c’est peu, mais pour moi, c’est déjà plus de 100 paquets de pâtes - France, ESI de 2ème année

Des frais pédagogiques aux motifs douteux

Apparemment, selon les calculs de la Fnesi, la suppression du concours permettrait à une personne désireuse d’intégrer un IFSI d’économiser pas moins de 2600 € en moyenne qu’il dépensait auparavant pour passer plusieurs concours et pour suivre une préparation aux examens associés. Cependant, comme l’a déjà dénoncé la Fédération fin juillet , de nombreux étudiants se sont vus réclamés des frais supplémentaires en allant récupérer leurs dossiers administratifs à l’IFSI, des coûts non indiqués lors de leurs recherches sur Parcoursup. Ces dépenses sont parfois réclamées sans justifications et parfois légitimés par des motifs non recevables comme coûts d’unités d'enseignements obligatoires à l’obtention du diplôme, l’accès au WIFI ou les photocopies… , s’énerve la Fnesi.

Ainsi, la fédération renouvelle ces revendications à ce sujet et exige la suppression de ces frais pédagogiques et demande aux régions d’allouer les subventions nécessaires au fonctionnement des IFSI afin de pallier le manque à gagner des concours. De plus, ces frais doivent être clairement spécifiés sur Parcoursup afin d’éviter les déconvenues. La Fnesi va même plus loin et insiste sur la suppression de toutes les dépenses non renseignées sur la plateforme sur l’année 2019.

Les étudiants boursiers ne sont pas traités de la même manière que dans les facultés

D’autre part, la Fnesi fait un focus sur les étudiants boursiers car les ESI pâtissent un fois encore d’un traitement différent les marginalisant du droit commun de l’enseignement supérieur. Ceux-ci doivent en effet avancer les frais d’inscription et la CVEC sous prétexte d’une faille administrative ou organisationnelle, s’agace la Fnesi. Plus précisément, leurs bourses étant gérées par les régions ils reçoivent, dans le meilleur des cas, une pré-notification non compatible avec la plateforme de la ​CVEC, ou situation plus fréquente une notification dans des délais considérables. Ils sont ainsi contraints d’avancer les frais de la CVEC. Par ailleurs, le remboursement n’est pas automatisé car le CROUS n’est pas l’acteur unique (gestionnaire et collecteur). Il n’est donc pas systématique et fait souvent l’objet de conflits.

Autre problématique : les ESI boursiers se voient attribuer leurs bourses bien plus tard que les autres, ce qui les obligent souvent à recourir à des prêts. Un processus injuste qui pousse ces étudiants à travailler en plus de leur formation pour subvenir à leurs besoins.

Au vu de ce constat, la Fédération propose par équité que la compétence en matière de bourses des formations sanitaires et sociales soient transférées des régions au Centre National des Oeuvres Universitaires et Scolaires (CNOUS). Les ESI sont des étudiants de l’enseignement supérieur et doivent être considérés en tant que tels et donc ils sont en droit de disposer des mêmes acteurs d’attributions des aides sociales. D’ordre général les étudiants en soins infirmiers ne devraient avoir à payer aucuns frais supplémentaires par rapport aux autres étudiants.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com