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ESI

La FNESI dénonce la violence de la formation

Publié le 19/02/2015
infirmiere triste couloir

infirmiere triste couloir

41 % des étudiants en soins infirmiers ont déjà songé à arrêter leur formation selon la dernière enquête de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) qui s'intéresse à la gouvernance des Instituts de formation paramédicaux, souhaitant qu'enfin "leurs voix comptent".

La FNESI dénonce, dans son enquête, la violence de la formation des étudiants en soins infirmiers.

La violence dans les Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) n'est pas un mythe. C'est ce qu'a voulu démonter la FNESI au travers de son enquête « Réformons la gouvernance des Instituts de formation paramédicaux » *. Les résultats révèlent en effet que 41 % des étudiants infirmiers ont déjà envisagé d'arrêter leur formation, 44,61 % estiment que « la formation est vécue comme violente dans la relation avec les équipes encadrantes » durant les stages et 45,62 % décrivent la formation comme violente dans leur relation à l'équipe encadrante de l'IFSI. En cause notamment les pressions vécues en stage (29%), mais aussi à l'IFSI (21%), les difficultés pédagogiques (14%) ou encore les difficultés financières (10%).

J'ai 30 ans, je suis en troisième année et je suis épuisée par la violence qui nous est infligée.

Plusieurs étudiants apportent d'ailleurs des témoignages édifiants pour dénoncer les situations qu'ils vivent au quotidien, notamment sur leurs lieux de stage. Ainsi, un étudiant raconte : l'une de mes deux tutrices se montrait souvent odieuse avec moi et j'ai surpris des moqueries dans mon dos à plusieurs reprises. Victime de mépris et d'injustice en stage pour la première fois, je pense sérieusement à mettre un terme à ma formation à six mois du diplôme. Un autre encore  avoue : demain, une fois mon DE en poche, je rêve d'intenter, pour le principe, une action devant le tribunal administratif pour harcèlement moral envers le terrain de stage qui m'a fait tant souffrir et qui a été la cause de tous mes maux, où des étudiants continuent de se faire briser impunément. Pour l'étudiant avant moi qui s'est fait briser et a interrompu sa formation. Pour rendre justice. Je sais que je ne ferai rien, car aujourd'hui, j'ai peur d'être confronté à ces gens.

La formation à l'IFSI est elle-aussi parfois sujette à des situations violentes. Un ESI explique que certains formateurs sont très pédagogues et à l'écoute, alors que d'autres semblent penser que l'humiliation et le fait de briser les étudiants améliore la qualité de leur travail et leur implication dans la formation. Les larmes et la souffrance n'apparaissent pourtant pas dans les théories de l'apprentissage !. Un autre étudiant estime que venir à l'IFSI est un combat. Être soi-même est impossible. J'ai perdu confiance en moi, et maintenant, c'est ce qu'on me reproche ! Car la vérité est que l'IFSI est une arène où l'on doit se battre pour avoir sa place, entre favoritisme et chantage.

La vérité est que l'IFSI est une arène où l'on doit se battre pour avoir sa place, entre favoritisme et chantage.

Dans son enquête, la FNESI relève d'autres chiffres alarmants. Ainsi, 12 % des étudiants peuvent témoigner de cas de suicides dans leur IFSI, et 7 % ont pensé à mettre fin à leurs jours durant leur formation (9% parmi les étudiants en troisième année et 11 % chez les 23-25 ans). Pour la FNESI, la faute n'incombe pas qu'aux seules équipes soignantes. Il est clair qu'on ne donne pas aux professionnels les moyens d'encadrer les étudiants, dans un contexte déjà difficile pour les équipes soignantes (réduction des effectifs, manque de moyens matériels, demande de flexibilité...), constate Loïc Massardier, président de la FNESI.

On aimerait prendre la parole, dénoncer tout ce qui se passe, et permettre aux promotions suivantes de ne pas vivre ce que nous vivons, mais comme nous souhaitons avoir notre diplôme, nous nous taisons et souffrons en silence.

Réformer la gouvernance sur un modèle universitaire pour mieux se faire entendre

Selon l'enquête, 39,61 % des étudiants disent ne pas pouvoir s'exprimer librement dans leur IFSI et 39,9 % jugent que le fonctionnement de leur IFSI n'est pas démocratique. Et pourtant, n'élisent-ils pas des représentants pour porter leur voix dans les conseils de leur IFSI ?, note Loïc Massardier. En pratique, le rôle et la place des élus étudiants dans la gouvernance des instituts de formation de paramédicaux ne sont pas reconnus, ni dans le fond, ni dans la forme, déplore-t-il.

Pour la FNESI, il est nécessaire qu'une réforme de la gouvernance sur un modèle universitaire voie le jour afin que les étudiants deviennent de véritables acteurs de leur formation. Le monde universitaire crée une plus-value pédagogique par la participation de l'ensemble des acteurs avec deux objectifs : la réussite des étudiants et une pédagogie en phase avec leurs attentes, souligne-t-elle.

En réalité, notre formation reste ancrée dans l'histoire, il semble impossible de la concevoir en dehors du modèle de l'hôpital auquel est rattaché son "école d'inf".

L'enquête de la FNESI révèle un réel malaise au sein des instituts de formation en soins infirmiers. Gageons qu'elle saura attirer l'attention du ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes qui s'est jusque là fait remarquer par son silence . Les étudiants en soins infirmiers l'ont déjà démontré plus d'une fois, pour faire valoir leurs droits, ils sont capables d'envahir les rues françaises ...

Gouvernance des instituts et encadrement en stage : les professionnels de la formation s'expriment

Dans un communiqué de presse daté du 26 février 2015, le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres (CEFIEC) et l'Association Nationale des Directeurs d’Ecoles Paramédicales (ANDEP) soulignent que les risques psychosociaux, dont les formateurs se préoccupent, n’épargnent pas les étudiants infirmiers. Les raisons des arrêts de formation sont souvent multifactorielles, d’ordre personnel, financier, de santé et d’apprentissage. Des dispositifs sont mis en place dans les instituts, pour exemples : le suivi pédagogique individuel privilégiant une approche personnalisée et un repérage de difficultés de tous ordres. Ils notent également que concernant la gouvernance des instituts, les résultats sont globalement positifs même s'ils restent des points d'amélioration. Le CEFIEC et l'ANDEP estiment que la formation clinique en stage nécessite la mise en oeuvre de modalités d’encadrement prévues dans la réglementation sous la forme d’un tutorat mais cela demande de dégager du temps qui n'est actuellement pas pris en compte.

Enfin, le CEFIEC et l’ANDEP, se réjouissent de l’ouverte prochaine au Ministère du groupe de travail sur les modalités d’encadrement en stage des étudiants en soins infirmiers et sur le fonctionnement des instances de gouvernance des instituts de formation dans le cadre du processus d’universitarisation.

Pour en savoir plus : communiqué de presse du CEFIEC et de l'ANDEP

* Enquête diffusée auprès de 3522 étudiants du 17 novembre au 12 décembre 2014.

Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse


Source : infirmiers.com