Lorsqu'on parle de chômage infirmier, on suppose plutôt qu'affirmer. Avec les premiers résultats de l'enquête que la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) a mené cet hiver auprès des jeunes diplômés, plusieurs constats s'imposent et parmi eux une insertion professionnelle difficile et une précarisation de l'emploi infirmier... Chiffres à suivre...
En janvier dernier, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) lançait une enquête inédite sur la montée du chômage dans la profession infirmière.
Le mot qui fâche et qui étonne "chômage" avait été prononcé pour la première fois en 2012 lors du Salon infirmier... Le chômage toucherait donc aussi les infirmier(e)s et plus particulièrement les jeunes diplômés... La réalité, remontée notamment par les réseaux sociaux et les forums, a donné raison à la rumeur. Il fallait donc en savoir plus et surtout s'appuyer sur des chiffres avérés. La FNESI l'avait rappelé : devant l’inertie des acteurs de la profession face à ce problème grave, tant pour en connaître la nature que pour tenter de l’endiguer, cette enquête était indispensable
. C'est ainsi qu'entre janvier et mars 2014, 3221 jeunes diplômés (promotions 2009 à 2013) ont été sondés à propos de leur insertion professionnelle. Résultat : 14% d’entre eux étaient, au moment du sondage, à la recherche d’un emploi. Pour la FNESI, ce résultat montre que l'insertion professionnelle des infirmiers est aujourd'hui en péril.
Autre constat : une précarisation de l’emploi infirmier, due à un manque de moyens alloués aux ressources humaines dans le secteur de la santé. En effet, là encore les chiffres en attestent : la majorité des sondés ne rapportent que des périodes de chômage d’un à trois mois (34%), voire moins d’un mois (55%). De plus, 45% des jeunes diplômés signalent avoir débuté leur activité professionnelle par un Contrat à Durée déterminée (CDD) non renouvelable.
Cette enquête nationale de la FNESI, première du genre, permet de se faire une idée juste de l’état de l’emploi infirmier en France.
Les jeunes diplômés ont également été questionnés sur les secteurs d'activité qu'ils souhaitaient intégrer. Selon la FNESI, les jeunes professionnels montrent une désaffection pour les secteurs d’activité qui pourtant seront amenés à recruter dans l’avenir
. Dans un contexte fort de vieillissement de la population, 27% des sondés préféreraient éviter de travailler en Etablissement d’hébergement pour Personnes agées dépendantes (EHPAD)
. Ce manque de volonté s'explique par le manque de moyens humains et techniques alloués à ces secteurs, notamment en gériatrie. Toutefois, l'aspect relationnel avec la personne âgée et l'autonomie de l'infirmier avec l'investissement de son rôle propre sont sources d'attraction.
La FNESI relève aussi que 22 % des étudiants envisagent une poursuite d'études en Master ou en DU et 47,6 % une spécialisation ou une formation afin de devenir cadre de santé. Cependant, les étudiants se retrouvent limités à la sortie du grade Licence que confère le diplôme d'État à un exercice direct ou à une seule spécialisation en sortie de cursus : puéricultrice
, constate la FNESI. Les autres spécialisations (IBODE, IADE, cadre de santé) sont accessibles après quelques années de pratique...
.
Dernier enseignement tiré par cette enquête, la question de l'adéquation entre maillage territorial et bassins d’emploi. La FNESI le souligne : paradoxalement, depuis 1995, les quotas d’entrée des Ifsi ont augmenté de 67%. En septembre 2013, 31 088 étudiants en soins infirmiers y ont été admis et répartis dans les régions françaises sans aucune prise en compte de la mobilité géographique des étudiants, ni de l’arrivée massive d’étudiants formés à l’étranger
. Reste à savoir quels seront les effectifs admis en 2014 ? Un chiffre qui devrait être connu d'ici peu par la publication de l'arrêté annuel en la matière.
Article mis à jour le 10 juin 2014 à la suite de la conférence de presse de la FNESI
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com
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