Dans l'attente du scrutin final de la Présidentielle 2017, la profession infirmière attend aussi beaucoup de celui ou celle qui succèdera à Marisol Touraine, l'actuelle ministre des Affaires sociales et de la Santé. En effet, le dernier quinquenat - celui du Président Hollande - laisse la profession amère, regrettant que ses préoccupations pourtant plus que légitimes, notamment en termes d'amélioration de conditions de travail, n'aient pas trouvé plus de réponses concrètes auprès de la locataire de l'Avenue de Ségur. Si la thématique « santé » n'a pas été vraiment au coeur de la campagne présidentielle, une urgence demeure : soigner la santé c'est aussi - et avant tout - soigner les soignants. Le prochain ministre des Affaires sociales et de la Santé devra en prendre rapidement la mesure.
Rappelons-le, à l'occasion de la campagne des Présidentielles 2017 , les Français ont exprimé leurs fortes préoccupations vis-vis du modèle de protection sociale et d'accès aux soins, un modèle qu'ils souhaitent voir demeurer mais aussi évoluer avec notamment plus d'équité et de sécurité. De leur côté, les candidats ont chacun égréné leur programme en la matière avec, à l'arrivée, des inventaires à la Prévert et des mots divers et variés qui laissent augurer du meilleur comme du pire : révolution, suppression, recrutement, fonctionnaires, revalorisation, changements, arbitrage, rationnalisation, remboursements, survie, hôpitaux, fonction publique…
Le prochain ministre de la santé sera-t-il providentiel pour la profession infirmière ?
La profession infirmière s'est engagée fortement dans la campagne, souhaitant faire entendre sa voix auprès des candidats afin de peser dans le débat présidentiel et (re)donner au prochain ministre des Affaires sociales et de la Santé les pistes d'améliorations attendues durant le prochain quinquenat. Personne ne sait encore qui il sera et les questions demeurent : homme ou femme ? Technocrate ou professionnel de santé ? - les deux n'étant pas incompatible on le sait bien - Plus attentif au bilan comptable qu'au bilan RH ? Oreille attentive et empathique ou froideur affichée à toutes occasions ? Ce que l'on peut affirmer déjà c'est que la profession infirmière ne regrettera pas Marisol Touraine ; les seuls regrets étant de ne pas avoir été suffisamment entendue et écoutée... De fait, face à cette nouvelle définition à venir des politiques de santé qu'ils espèrent plus bienveillantes à leur égard, les infirmiers se sont exprimés avec détermination.
L'Ordre national des infirmiers a présenté ses « 9 priorités pour l'avenir de la profession » après avoir recueilli 20 000 avis d'infirmiers de terrain avec notamment au programme : mesures contre la violence, meilleure gestion des risques pour une qualité et sécurité des soins accrue, valorisation des compétences …
Le syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux a proposé un document de 37 pages intitulé « Accès aux soins : répondre aux défis de demain » explicitant par là-même les freins de natures différentes qui nuisent à l’optimisation du rôle infirmier libéral au sein de la société et mettant en perspective des pistes innovantes dans la réflexion politique actuelle sur la santé !
Les étudiants en soins infirmiers, représenté par la Fnesi, ont également élevé la voix, pronant notamment auprès des candidats l'intégration universitaire de l'intégralité de la formation et l'accès pour tous aux études en soins infirmiers dans le cadre de leur campagne #AssuronsNotreFutur.
16 organisations associatives et syndicales infirmières ont adressé à l'occasion de leur dernière mobilisation du 8 mars dernier un message directement aux futurs candidats, ne voulant plus s’adresser à Marisol Touraine qui n’a jamais souhaité écouter leurs revendications… Elles sont pourtant claires et récurrentes : saisi l’ampleur de la colère et comprendre les inquiétudes de la profession, notamment sur le manque de reconnaissance de compétences, les carences dans la formation, le manque de personnel et de reconnaissance salariale ainsi que la souffrance au travail.
Révolution, suppression, recrutement, fonctionnaires, revalorisation, changements, arbitrage, rationnalisation, remboursements, survie, hôpitaux, fonction publique… autant de mots entendus de la bouche des candidats...
En début d'année, mesurant l'enjeu que constitue une élection présidentielle, nous nous interrogions : « 2017 sera-t-elle une année d'espérance et de concrétisations pour la profession infirmière ? » elle qui affiche toujours la même frustation à se voir mal comprise et négligée par les pouvoirs publics. La nomination du prochain Gouvernement et plus précisément de celle ou celui qui sera nommé ministre de la Santé suscite de très nombreuses attentes. Les responsables politiques sauront-t-ils les entendre, les comprendre et acter des mesures correctives fortes car plus que jamais, le moral des soignants est en berne et les espoirs qu'ils caressent de plus en plus utopiques. « Ne rien lâcher » était il y a encore peu de temps leur seul mot d'ordre. Espèrons que le prochain gouvernement ne les lâchera pas non plus.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
REFONTE DE LA FORMATION
L'idée d'un tronc commun en master hérisse les infirmiers spécialisés
ÉTUDES
D’infirmier à médecin : pourquoi et comment ils ont franchi le pas
VIE ÉTUDIANTE
FNESI'GAME : l'appli qui aide les étudiants infirmiers à réviser
PRÉVENTION
Des ateliers pour préserver la santé des étudiants en santé