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TFE – Quelle alliance thérapeutique avec un patient alcoolique ?

Publié le 18/04/2018
patient alcoolisme

patient alcoolisme

En juin 2017, Chloé Hubert, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers du centre hospitalier René Dubos, à Pontoise - promotion 2014-2017 - a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « En quoi l'authenticité du soignant est-elle importante dans la relation soignant/soigné dans le cadre d'une alliance thérapeutique chez un patient atteint d'addiction alcoolique ? » Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.

"Au vu des échanges s'avérant infructueux avec Mr B, j'ai tenté une approche qui n'était plus soignant/soigné, mais d'avantage d'humain à humain".

Voilà comment Chloé nous explique le choix de sa question de recherche. « Ma situation d'appel se déroule le 15 avril 2016, lors de mon dernier jour de la semaine d'observation que j'ai passé aux Urgences Psychiatriques adultes. Il s'agit de Mr B., un patient hospitalisé dans le service d'Urgences Psychiatriques depuis le 15 avril 2016 présentant une addiction alcoolique. Mr B est hospitalisé pour dégrisement dans ce service après une rupture de son contrat de soins avec l'Unité d'Hospitalisation Médico- Psychologique suite à une alcoolisation massive durant la nuit du 14 au 15 avril 2016. Mr B. doit quitter le service dès amélioration de son état. Agé d'une trentaine d'année, d'origine française, il est marié en instance de divorce. C'est l'optique de ce divorce qui l'a incité à demander son hospitalisation à l'UHMP. Il est chef cuisinier mais a cessé d'exercer depuis son hospitalisation.

Son entourage professionnel n'est pas au courant de sa situation de santé. Mr B est également fumeur régulier. Depuis le début de son hospitalisation, il est revenu plusieurs fois alcoolisé à l'UHMP. Ces écarts ont été tolérés par l'équipe soignante jusqu'à la dernière alcoolisation massive de la nuit du 14 au 15 avril. Les infirmières - qui le connaissaient bien - n'échangeaient que très peu avec lui et me recommandaient de ne pas m'attarder sur son cas. Mr B présentait une hypertension suite à son alcoolisation et au tabac qu'il demandait toutes les demi-heures. Il ne mangeait pas et buvait très peu malgré nos conseils.

Lors du suivi régulier de l'évolution de sa tension, j'ai essayé d'échanger avec Mr B. Tout d'abord, mon comportement et mon langage ont été très professionnels, avec une insistance prononcée sur les dangers de l'alcool à court et à long terme ainsi que sur l'importance de respecter son contrat de soin. Mr B se montrait distant et peu réceptif, à tel point qu'il semblait refuser mon contact et toute conversation quelle qu'elle soit. Au vu des échanges s'avérant infructueux, j'ai tenté une approche qui n'était plus soignant/soigné, mais d'avantage d'humain à humain. J'ai été également plus "inquisitrice" et j'ai posé des questions plus personnelles que je n'osais pas aborder de prime abord. Au court de la discussion, je l'ai interrogé sur ses motivations, ses émotions, ses connaissances des conséquences de ses actes : qu'est-ce qui vous pousse à vous alcooliser ? Pourquoi êtes-vous ici si vous ne respectez pas votre contrat de soin ? Savez-vous quelles vont être les conséquences de votre alcoolisme chronique sur votre situation maritale ? Êtes-vous conscient que vous n'êtes plus accepté à l'UHMP ? Bien que souvent courtes, les réponses de Mr B semblaient plus sincères que durant les précédents échanges. Son visage était également plus expressif. À la fin de l'entretien, il m'a remercié, a suivi les conseils d'arrêt du tabac pour faire baisser sa tension et a attendu deux heures avant d'en redemander une. Il s'est également bien hydraté et a pris une douche. Je n'ai pas pu suivre la suite de son parcours de soin étant donné que ma semaine de stage aux Urgences Psychiatriques touchait à sa fin.

Pourquoi suivait-il soudainement nos conseils thérapeutiques alors qu'il les ignorait jusqu'à présent ?

Cette situation m'a interpellée au moment où Mr B. m'a fait remarquer qu'il suivait mes recommandations concernant sa consommation de tabac, car jusque là, je n'avais pas réellement prêté attention à nos échanges. Sa remarque m'a questionné sur l'origine de son observance : pourquoi suivait-il soudainement nos conseils thérapeutiques alors qu'il les ignorait jusqu'à présent ? Je me rends compte à présent que j'ai tout d'abord calqué ma relation avec ce patient sur
celle le liant aux autres infirmières. J'ai inconsciemment imité leurs comportements plutôt qu'adopter le mien : peut-être du fait de mon positionnement en tant qu'étudiante ? Cela étant, ce fut le refus de soin passif du patient qui semble m'avoir sorti de ce schéma comportemental. À posteriori, je réalise que je m'étais plus intéressée à son addiction qu'à sa personnalité, méthode que je jugeais incorrecte et que j'avais toujours voulu éviter.

Suite à cette situation, je me suis premièrement interrogée sur la définition du refus de soin, contexte de soin que tout professionnel de santé peut rencontrer dans sa pratique. Ce questionnement m’a conduite à me pencher sur le cas particulier du déni chez le patient souffrant d’addiction. C'est ainsi que j'en suis venue à la question suivante : "En quoi l'authenticité du soignant est-elle importante dans la relation soignant/soigné dans le cadre d'une alliance thérapeutique chez un patient atteint d'addiction alcoolique ?" »

Lire le TFE  « En quoi l'authenticité du soignant est-elle importante dans la relation soignant/soigné dans le cadre d'une alliance thérapeutique chez un patient atteint d'addiction alcoolique ? » (PDF)

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com