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TFE – Le soin sans la parole, un défi ?

Publié le 04/12/2018
TFE – Le soin sans la parole, un défi ?

TFE – Le soin sans la parole, un défi ?

En juin 2018, Kassandra Galmiche, étudiante en soins infirmiers à l'Institut de formation en soins infirmiers de Célestat (promotion 2015-2018) soutenait avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : Le soin sans la parole : un défi ?. Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous le remercions.

Le soignant doit s'adapter à chaque situation de soin. Chaque patient a sa bulle, qui correspond à la distance sociale qu’il accepte. Plus la bulle est grande, moins le patient est accessible. Inversement, plus la bulle est petite, plus le patient accepte que le soignant le touche.

Voilà comment cette étudiante nous explique le choix de sa question de recherche. "Depuis ma naissance, je vis entourée de mes grands-parents qui sont tous les deux sourds et muets. J’ai appris à communiquer avec eux, par un langage qui allie la gestuelle et le verbal sans pour autant être le langage des signes officiel. En 2015, ma grand-mère a dû être hospitalisée pour une arthrite très douloureuse. Lorsque nous lui rendions visite, ma mère et moi, endossions le rôle d’interprète pour les soignants. Bien sûr elle arrivait à se faire comprendre par les soignants. Cependant différents éléments de la prise en charge comme par exemple, la recherche du consentement au soin, l’explication des soins dont elle allait bénéficier, les résultats des analyses, étaient très difficiles à communiquer à ma grand-mère. Je me souviens d’un exemple. Ma grand-mère, m’a dit, un matin où j’allais la voir : "aujourd’hui on m’a injecté un produit dans le bras, c’était tout chaud."

Elle ne savait pas ce qu’on lui avait injecté, ni pourquoi. Son attitude traduisait de l’anxiété. Pourquoi ma grand-mère n’a pas cherché à savoir ce qu’on lui avait injecté, en écrivant sur une feuille par exemple. Pourquoi les soignants ont-ils injecté un produit sans en informer la patiente ? Avaient-ils demandé le consentement au soin, prévu par la loi Kouchner ? Pourquoi n’ont-ils pas fait appel à un interprète ? Avaient-ils des ressources à disposition ? Avaient-ils essayé de lui expliquer ? Son hospitalisation a duré une semaine et nos visites étaient très régulières.

Durant notre formation en soins infirmiers, on nous apprend à adapter les soins relationnels en fonction des patients. Chaque patient a sa bulle, qui correspond à la distance sociale qu’il accepte. Plus la bulle est grande, moins le patient est accessible. Inversement, plus la bulle est petite, plus le patient accepte que le soignant le touche.

Lorsque nous croisions les soignants, nous étions comme des "sauveurs" d’une part pour ma grand-mère mais aussi pour eux, puisque nous pouvions expliquer à ma grand-mère la nature des examens et faciliter un échange "patient-soignant". Avant d’être admise en service de rhumatologie, ma grand-mère passa par le service des urgences. Malheureusement je n’y étais pas, mais ma mère qui l’accompagnait, m’a relaté ces faits : "Les personnels de santé n’étaient pas habitués à communiquer avec des personnes sourdes et muettes. Ils communiquaient avec elle, comme si la personne ne présentait aucun handicap. J’étais présente afin de servir d’interprète, mais, ma présence a été jugée inutile, le personnel pensant pouvoir gérer la situation lui-même. C’est en insistant et en expliquant la pathologie de ma mère, qu’une consultation encadrée pu être effectuée." Avec l’évolution de notre société et l’éclatement des familles, tout le monde ne possède pas un soutien familial qui peut servir d’interprète. Cette situation aurait pu se révéler plus complexe pour un autre patient…

Je me suis interrogée : comment rassurer un patient avec qui on ne peut pas dialoguer ?

En repensant à cette situation, alors que je suis moi-même dans le milieu soignant à ce jour, certaines questions me viennent à l’esprit :

  • Comment les soignants auraient-ils procédé si nous n’avions pas eu la même disponibilité ? ;
  • Comment font les soignants lorsqu’ils n’ont pas l’aide des familles ou de l’entourage des personnes ? ;
  • Quels sont leurs obligations en matière de communication ? ;
  • Quels sont leurs moyens de communication ;
  • Lorsqu’un obstacle de communication est présent et que le soin paraît inévitable, peut-on prodiguer un soin sans l’accord du patient ? ;
  • En cas de refus de soin, quelles sont les différentes alternatives pour négocier un soin nécessaire ? ;
  • Quel rôle a le médecin dans la communication ? ;
  • Quels sont les services dans lesquels la barrière de communication est plus prévalente ?"

Si l’infirmier du Service d’Accueil des Urgences construit une relation soignant/soigné, basée sur des échanges non verbaux avec un patient en difficulté de communication, alors la prise en charge de la douleur sera optimale.

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Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com