Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

TFE

TFE - L’accompagnement infirmier des personnes en situation de précarité au prisme de l’adhésion aux soins

Publié le 09/09/2019
sans abri précarité rue

sans abri précarité rue

En juin 2019, Roland Corti, étudiant en soins infirmiers à École Santé Social Sud-Est de Lyon (promotion 2016-2019) soutenait avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : "L’accompagnement infirmier des personnes en situation de précarité au prisme de l’adhésion aux soins". Il souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.

"L'approche interculturelle est avant tout une histoire de rencontre. Malgré des connaissances ethnographiques étendues, notre approche ne peut se défaire d’une nécessaire introspection, parce que "la rencontre ne s’exprime pas par rapport à ce que l’on sait mais pas rapport à ce que l’on est".

Voici comment l'auteur nous présente son travail de recherche. "L’adhésion aux soins des personnes en situation de précarité constitue une problématique des plus critiques à laquelle la profession infirmière est confrontée. Je montre dans ce travail que l’adhésion aux soins doit être perçue au travers du concept d’adhésion thérapeutique comme un processus dynamique au sein duquel les comportements des individus évoluent. Cependant ce concept doit être développé pour mieux appréhender la précarité. La clinique psycho-sociale est essentielle pour comprendre les conditions d’existence des personnes démunies et une approche interculturelle est indispensable pour les accompagner. Les pratiques infirmières sur le terrain manipulent au quotidien ces concepts, sans les avoir forcément identifiés au préalable. Il est désormais nécessaire de confronter la théorie et la pratique pour développer une approche conceptuelle de l’adhésion thérapeutique au plus près des besoins des personnes en situation de précarité".

Il était arrivé à la consultation en retard. Son hygiène corporelle était déficiente. Ses pansements étaient sales et usés, témoignant d’appuis répétés sur le membre fracturé. Les pansements n’avaient pas été refaits depuis 1 semaine : l’infirmière libérale ne trouvait jamais Monsieur D à son domicile.

J’ai fait la rencontre de personnes vivant de plein fouet les inégalités de santé dans des conditions parfois difficilement imaginables. J’ai aussi découvert un réseau, associatif et institutionnel, constitué de personnes armées de motivation et de compétences, oeuvrant pour une société plus juste. Les difficultés d’adhésion aux soins sont multiples et diverses mais certaines d’entre elles se distinguent par leur répétition.

  • Il en va ainsi de Monsieur D., chômeur de longue durée, dormant dans sa voiture, dépendant à l’alcool, qui semble laisser sa fracture ouverte s’infecter. Il ne respecte pas les consignes médicales et ne fait pas remplacer ses pansements qui sont dans un état déplorable.
  • La famille de Flaviù, d’origine Rom, vivant en bidonville, semble elle ne pas agir devant l’obésité morbide de leur enfant de 7 ans qui boit du soda à tous les repas. Madame V, souffrant de diabète et à la rue depuis 10 ans, présente elle une plaie infectée et nécrosée à la main droite. Elle accepte que son pansement soit refait mais refuse catégoriquement l’hospitalisation qui constitue pourtant sa seule option avant l’amputation ou le choc septique.
  • Ou encore Monsieur L, demandeur d’asile, venu consulter pour le renouvellement d’une ordonnance qui a expiré depuis 3 mois afin d’obtenir la prescription d’un anti-hypertenseur qu’il dit prendre 1 jour sur 3 et dont il adapte parfois les doses en fonction des oublis.

Pendant que Flaviù coloriait les murs, nous avons tenté d’expliquer à la grand-mère que son petit-fils devait perdre du poids. Nous avons détaillé les risques et pathologies liés au surpoids et avons rappelé les principes d’une alimentation saine et équilibrée. Avec un regard teinté d’incompréhension et de peur, la grand-mère de Flaviù s’effondra en larmes, nous remercia dans un mauvais français et partit avec son petit-fils.

Ces situations témoignent de décalages importants entre les objectifs des soignant(e)s et l’utilisation des soins par les patient(e)s. Elles posent de nombreuses questions. Pourquoi
ces personnes semblent-elles ne pas prendre en main leur santé ? Pourquoi ne parviennent-elles pas à s’insérer dans les soins ? Qu’est-ce qui explique leurs comportements vis-à-vis des recommandations et des prescriptions des soignant(e)s ?

Considérant les décalages existants dans les situations présentées ci-dessus et les 3 constats suivants :

  • l’adhésion aux soins est une composante cruciale de toute démarche infirmière visant des personnes en situation de précarité ;
  • des apports conceptuels permettent à la profession infirmière d’appréhender les difficultés d’adhésion aux soins ;
  • une offre de soins infirmiers spécialisée dans la précarité permet le développement d’une pratique de terrain sur laquelle les connaissances théoriques peuvent s’appuyer.

Je pose la question de départ suivante : Comment la profession infirmière accompagne les personnes en situation de précarité vers une meilleure adhésion aux soins ?"

L'approche interculturelle est avant tout une histoire de rencontre. Malgré des connaissances ethnographiques étendues, notre approche ne peut se défaire d’une nécessaire introspection, parce que "la rencontre ne s’exprime pas par rapport à ce que l’on sait mais pas rapport à ce que l’on est"

Lire le TFE - "L’accompagnement infirmier des personnes en situation de précarité au prisme de l’adhésion aux soins" (PDF)

Rédaction Infirmiers.com


Source : infirmiers.com