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TFE - La contention : bienveillance ou maltraitance ?

Publié le 09/11/2018
femme âgée

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En juin 2018, Mélissa Duluc, étudiante en soins infirmiers à l'Institut de formation en soins infirmiers de la Roche-sur-Yon (promotion 2015-2018) soutenait avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : "La contention : bienveillance ou maltraitance ?" Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous le remercions.

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Voici comment Mélissa présente son travail. "Agée de 87 ans, Madame B souffre de la maladie d’Alzheimer depuis 1997. Elle est désorientée dans le temps et dans l’espace et parle peu. Mme B. se met à crier dès que je m’éloigne. Je reviens vers elle et lui tiens la main, Mme B. s’arrête de crier. La soignante présente dans la structure me demande de la raccompagner dans sa chambre, de fermer à clé la salle de bain pour éviter qu’elle se brûle avec l’eau et pour réduire le périmètre afin d’éviter les chutes et enfin, de fermer la chambre à clé. Elle m’explique que c’est une mesure prescrite par un médecin car ses cris dérangent les autres résidents de l’unité. J’exécute ce que me demande la soignante. J’essaie de comprendre pourquoi Mme B. criait mais cette dernière ne me répond pas. Mme B. crie toujours et s’agite dans sa chambre. Je questionne l’équipe quant à cette situation mais le personnel soignant semble se reposer sur la prescription médicale de contention physique et du manque de personnel pour justifier le fait qu’ils ne peuvent pas rester auprès de Mme B. La discussion ne va pas plus loin et cette situation se reproduira plusieurs fois durant la période de stage.

 Lorsque Mme B. n’est pas maintenue physiquement avec une contention, les soignants disposent soit une table, soit un adaptable avec les freins devant elle afin d’éviter que Mme B. se lève pour marcher.

J’ai vécu cette situation qui m'a interpellé durant mon premier stage lors du semestre 1. Je n’avais que très peu d’apports théoriques puisque nous n’avions eu que neuf semaines de cours avant de partir en stage. La situation m’a d’abord questionnée car elle me touchait personnellement, il m’était en effet impensable d’attacher quelqu’un, je trouvais ça disproportionné et je ne comprenais pas. J’ai une arrière-grand-mère qui a 95 ans et je faisais un transfert avec elle, ce qui était insupportable. J’ai donc continué à me questionner, à essayer de comprendre et à finalement me dire que c’était une situation exceptionnelle mais la répétition de situations similaires à celle-ci dans d’autres services me montre qu’il s’agit d’un acte courant. Après avoir grandi de la formation, la situation m’a touchée professionnellement. Maintenir une personne âgée, fragilisée par sa vieillesse et par son vécu, de la guerre parfois, me questionne et se heurte à des valeurs professionnelles telles que la liberté, la sécurité et la morale. C’est pourquoi j’ai besoin de comprendre cet acte, dit de soin, en menant une réflexion sur le sujet.

 Mme B. est comme emprisonnée par la maladie et nous, au lieu de valider cet état, nous l’emprisonnons par le lieu (unité Alzheimer fermée) et par la contention physique.

En effet, la contention physique chez la personne âgée désorientée s’est développée de façon importante au fil du temps et est même devenue une pratique courante, bien que l’efficacité en soit aléatoire. Pourtant, cet acte, dit de soin, est loin d’être anodin et soulève de grandes questions éthiques et déontologiques. La contention remet alors en cause le respect de la liberté et de la dignité de la personne et est contraire à l’éthique du soin. Bien que la contention ait des effets bénéfiques sur certaines personnes et dans certaines situations, n’est-elle pas mise de manière systématique ? Ne s’est-elle pas peu à peu institutionnalisée ? Ce sujet, pourtant tabou encore aujourd’hui, me pousse à mener une réflexion autour de la posture soignante face à ce type de situation et de la limite avec l’abus. C’est alors que j’ai pu m’entretenir avec des infirmiers, avocat, médecins et responsable éthique pour investir ce thème. Pour compléter cette réflexion, il me paraissait intéressant d’aborder les concepts d’altérité, de bienfaisance et de non-malfaisance."

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Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com