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TFE : "Je ne suis pas celui que tu crois. Représentations, de la pensée à l’impact"

Publié le 16/10/2020

En juillet 2020, Solène Callarec, étudiante en soins à l’Ifsi des hôpitaux universitaires de Strasbourg (promotion 2017-2020), soutenait son travail de fin d'études sur la thématique suivante : "Je ne suis pas celui que tu crois. Représentations, de la pensée à l’impact". Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’infirmiers.com et nous la remercions.

En quoi les représentations de l’infirmier(e) peuvent-elles influencer la prise en soin ? La question de recherche de cette étudiante en soins infirmiers à l'issue de sa formation.

Voici comment Solène introduit son travail de recherche. Ce travail de fin d’étude infirmier traite de la gestion des valeurs personnelles et professionnelles d’un infirmier face à un patient usager de substances psychoactives illégales. Le but de ce travail est d’émettre une hypothèse à la question de départ "En quoi les représentations de l’IDE peuvent-elles influencer la prise en soin chez un patient usager de substances psychoactives illégales ?"

Le point de départ de la réflexion

Nous sommes dans un Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. (CSAPA) à Strasbourg. Ce centre s’occupe particulièrement de la substitution des opioïdes par méthadone. Nous accueillons M. M 25 ans, qui est héroïnomane depuis 8 mois environ. Il dit ne jamais ressentir le manque car il n’a pas de mal à se fournir en héroïne.  Dès le premier rendez-vous, il nous explique qu’il aime consommer de l’héroïne surtout qu’il se sent bien avec et ne ressent pas le côté néfaste de la consommation. Cependant il exprime le fait de devoir arrêter par suite d’un ultimatum de sa compagne. Le patient se présente au fil des jours de plus en plus tardivement dans la matinée, souvent 10 min avant la fin de la distribution de méthadone. Il finit par ne pas venir. Certains matins et ses analyses d’urines sont testées positives. Lors d’un entretien infirmier, M. M ne nie pas sa consommation. Nous le mettons alors en garde quant aux risques encourus. Il dit être au courant mais que cette situation lui est difficile. Après quelques semaines, il ne se présente plus au CSAPA et sa compagne nous apprend qu’ils ne se fréquentent plus et qu’elle n’a plus de nouvelles de lui.  J’ai ressenti comme un sentiment d’échec vis-à-vis de ma prise en charge de ce patient. J’ai eu l’impression de ne pas avoir réussi la négociation avec lui pour le maintenir en soins.  

Chaque IDE a un devoir de non-discrimination dans la prise en soin du patient.  Mais qu’est-ce que le soin ? La réponse à cette question est subjective, en effet, notre vision du soin dépend de notre parcours, de nos valeurs personnelles et professionnelles.

J’ai orienté mes recherches sur des textes de lois ainsi que sur des auteurs ayant écrit à ce sujet. Après avoir effectué́ ce travail de recherche, j’ai créé un guide d’entretien qui m’a permis ensuite d’interroger quatre infirmiers afin d’ajouter la pratique à ce cadre théorique. J’ai ensuite orienté ce travail vers les champs disciplinaires de la sociologie et l’histoire. J’ai pu conclure que certains soignants veulent sauver à tout prix le patient. Cette attitude peut conduire à la rupture thérapeutique car le soignant le confronte à quelque chose qu’il n’est pas encore prêt à réaliser. D’autres soignants sont effrayés par une population agissant d’une manière impensable pour eux. Ils effectuent inconsciemment une condamnation morale de ces patients. Ce travail a pu aussi mettre en lumière l’importance de prendre conscience des enjeux de la relation soignant-soigné ainsi que de sa posture professionnelle.

La relation d’aide en addictologie demande un vrai travail sur soi pour être capable de toujours avoir un regard de non jugement. Ainsi, en analysant ma prise en soin, j’ai pu réaliser qu’il n’y avait pas eu de manquement mais plutôt que j’avais eu une perception des addictions qui m’a conduit à culpabiliser de ne pas l’avoir "sauvé", de ne pas avoir réussi à le maintenir dans le parcours de soin que je lui proposais.

Lire le TFE (PDF) : "Je ne suis pas celui que tu crois. Représentations, de la pensée à l’impact".

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com