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TFE - Aimer son travail, jusqu’où peut-on aller ?

Publié le 12/12/2016
ruban adhésif fragile

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En juin 2016, Julie Cailac, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Bar-Le-Duc, (promotion 2013-2016) a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « Aimer son travail, jusqu’où peut-on aller ? De l’investissement personnel à l’épuisement professionnel ». Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.

A l'heure du diplôme d’État, Julie s'intérroge : comment éviter un double écueil : le surinvestissement d’un côté ou, à l’inverse, la prise de distance vis-à-vis des malades pour se protéger soi-même ?

Julie débute ainsi son travail de recherche J'ai réalisé lors de mes différents stages (en court séjour comme en long séjour, dans un établissement public comme dans un privé) que des infirmières étaient en arrêt maladie en lien avec un épuisement physique et psychologique. Je me suis alors demandée : pourquoi ?  Lors d’un stage en Clinique je me suis retrouvée seule, littéralement seule : les professionnelles étaient en pause et ,ce jour-là, il n'y avait pas d’autres étudiants avec moi. J'ai dû, pendant toute une pause méridienne : gérer le service, répondre aux sonnettes, effectuer les surveillances des opérés, passer dans chaque chambre prendre la température et réaliser une évaluation de la douleur. Je courrais partout dans le service et il me restait peu de temps pour finir toutes ces tâches car les patients devaient se rendre à la séance de kinésithérapie. Je me suis sentie très mal autant psychologiquement que physiquement, je crois bien que j’étais proche de faire un malaise alors que je venais de manger. Et c’est à cet instant précis que je me suis dit : « Mais oui ! Maintenant je comprends que quelqu’un avec une telle charge de travail puisse arriver à craquer, à s’effondrer et à faire un burn-out ».

Par conséquent, j’ai décidé de m’intéresser au sujet de l’épuisement professionnel et de débuter mes recherches. Je suis donc partie d’un article Burn-out : Pourquoi les soignants sont en première ligne ?1.

Cet article dit que toutes les études s’accordent à dire que quel que soit la profession médicale le taux de burn-out dépasse les 40%. Les raisons pour lesquelles ce taux est si élevé sont : Une charge émotionnelle très forte, des horaires changeants qui pèsent sur la vie familiale et sociale, un rythme de travail excessif et une forte tension, surtout pour les non-décideurs qui sont soumis à des décisions changeantes et parfois contradictoires2.  A cela, il faut ajouter aussi des risques d'erreur aux conséquences dramatiques, des traitements qui peuvent se révéler toxiques, et un idéal du soi à la fois personnel et collectif, qui se heurte aux réalités des limites de la médecine. Dans une société qui rêve de zéro douleur et de zéro détresse, les notions de « soigner », de «guérir » doivent être réexaminées3. Et comme si cela ne suffisait pas, il y a également des exigences de rentabilités fortes, notamment à l'hôpital, un manque de reconnaissance des patients et des conflits éthiques récurrents. Difficile, dans ces conditions, d’éviter un double écueil : le surinvestissement d’un côté ou, à l’inverse, la prise de distance vis-à-vis des malades pour se protéger soi-même. D’autant que les professionnels ont souvent du mal à reconnaître leurs propres difficultés. Comment dans ces conditions, se prémunir du burn-out ? Il faut tout d’abord se reconnaitre comme potentiellement vulnérable et savoir que le travail que l’ont fait est associé à un risque. Cela suppose d’être conscient de son état de souffrance individuelle, de passer de la plainte générale (c’est dur pour tout le monde) à l’approche personnelle (je vais mal). Ensuite, il faut trouver ses propres solutions : relaxation, médiation, thérapie cognitivo-comportementales. 4 Il est donc important de se parler dans l'équipe, de communiquer sur ses propres attentes. Et, surtout, de hiérarchiser ses attentes. L'enjeu n'est pas mince : Faire en sorte que son boulot et soi-même soient le mieux adapté possible l'un à l'autre.5

Suite à cet article, j’ai cherché des définitions du burn-out qui toutes s’accordent à dire que le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel se caractérise par un épuisement physique et émotionnel lié au travail. Et qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre burn-out et dépression. Le burnout est nécessairement lié au travail. Dans la dépression, le travail n’est pas la cause première, mais peut être un facteur aggravant. De plus, en cas de burnout, la personne atteinte est toujours en situation de stress chronique, tandis que c’est le cas une fois sur deux pour la dépression. Des différences physiologiques ont aussi été constatées. Par exemple, les gens déprimés produiraient trop de cortisol et ceux qui sont en épuisement professionnel, pas assez6.

De ces premières recherches sur ce thème, je me suis posée de nombreuses questions, je voulais en savoir plus. C’est ainsi que j’ai formulé quelques questions de départ qui serviront à construire la suite de mon mémoire, et surtout à diriger mes recherches.  

  • Qu’est-ce que le burn-out ?
  • Qu’est-ce que prendre soin ?
  • En quoi le milieu hospitalier est-il prévalent au burn-out ?
  • Quelles représentations se fait-on du burn-out à l’hôpital ?
  • Peut-on prendre soin de nous en même temps que les autres lorsqu’on est en burn-out ? Cela n’aurait-il pas des conséquences négatives pour l’autre ?

L’épuisement professionnel des soignants est une maladie de l’âme en deuil de son idéal. Freudenberger

Pour Julie Cailac, au final, se connaître soi-même, connaître ses limites peut limiter, éviter le burnout. Cependant ceci n’est pas suffisant pour faire face au burn-out, il reste un grand travail à faire de la part des institutions sur les conditions de travail. Ce travail de fin d’étude a aussi permis de me constituer une posture éthique pour mon exercice professionnel.

Lire le TFE - « Aimer son travail, jusqu’où peut-on aller ? De l’investissement personnel à l’épuisement professionnel ». (PDF)

Notes

  1. Olivier (Vincent), Burn-out : Pourquoi les soignants sont en première ligne [consulté le 15.07.15], [www.lexpress.fr], 27/01/2014, disponible sur internet.
  2. Dauchy Sarah, psycho-oncologue à l’Institut Gustave Roussy à Villlejuif, ibid.
  3. Dauchy Sarah, ibid.
  4. Dauchy Sarah, ibid.
  5. Olivier Vincent Op.cit.
  6. www.passeportsanté.net

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com