Les annonces sur l'entrée en formation des aides-soignants ainsi que sur l'attractivité du métier étaient attendues. Elles ont eu lieu le jeudi 13 février à l'IFAS de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, accompagnée de Myriam El Khomri, missionnée pour le rapport sur l'attractivité des métiers du grand âge , sont venues à la rencontre des élèves aides-soignantes et ont égrénées, devant elles et en présence du groupe de travail, une série de mesures portant sur la formation initiale, la définition des compétences, la formation continue et la qualité de vie au travail des aides-soignants.
Ce jeudi 13 février 2020, dès 17h, l'Institut de formation des aides-soignants (IFAS) de Nanterre est dans l'attente d'un événement tout à fait inhabituel. En effet, c'est dans cet établissement de formation qu'Agnès Buzyn accompagnée de Myriam El Khomri, a convié le groupe de travail - aides-soignants, représentants de la formation, des organisations syndicales et des employeurs - qui planche depuis des mois sur le métier d'aide-soignant et les évolutions attendues qui s'y rapportent. Des annonces doivent donc être faites dans ce sens par la ministre. Attendus depuis décembre dernier, les nouvelles modalités de sélection pour les candidats aux formations d'aide-soignant et d'auxiliaire de puériculture ainsi que les nouveaux référentiels par bloc de compétences actant une réingénierie des formations, ne sont toujours pas connus, mettant en difficulté les établissements de formation mais également les futurs candidats en recherche d'informations. Agnès Buzyn a donc souhaité rencontrer les membres du groupe de travail, une manière pour elle de leur témoigner sa reconnaissance pour leur constance et leur engagement
, mais aussi pour donner un coup d'accélérateur au dossier. Je tenais à être présente aujourd’hui, avec Myriam, pour mettre en lumière un métier absolument central pour notre système de soin. Mettre en lumière ce métier, c’est d’abord parler de celles et ceux qui l’exercent au quotidien, c’est regarder en face leurs difficultés et c’est construire ensemble des solutions pour demain
.
Il existe un fossé entre les besoins et l’attractivité des métiers. Les besoins sont immenses, et ils ne cesseront de grandir, notamment dans le domaine du grand âge.
Une rencontre avec des élèves aides-soignantes en pleine formation
Préalablement à ces annonces autour du thème "Aide-soignant : une formation d'avenir", Agnès Buzyn et Myriam El Khomri ont eu à coeur de rencontrer des élèves aides-soignantes actuellement en formation. C'est dans la salle de "simulation" que le rendez-vous était donné où une quinzaine d'entre elles étaient en train de travailler. Intimidées, elles le sont, d'autant lorsqu'il s'agit de répondre aux questions :" comment se passe votre formation ?" "pourquoi l'avez-vous choisi ?" "qu'en ferez-vous ensuite ?", "et là, dans cette salle de simulation, qu'apprenez-vous ?" Progressivement, les élèves se lancent : il nous faut nous améliorer avec le temps, répéter les gestes que nous ferons ensuite dans les services, la simulation sert à cela.
Ici, on nous regarde faire, on nous guide, bien sûr on nous corrige. On ne nous juge pas
. Nous sommes dans l'apprentissage
. Toutes sont d'accord - oui aucun garçon dans cette promotion de 20 élèves - le métier qu'elles préparent est magnifique
, exercé avec coeur
, où la relation soignant/soigné est primordiale
, où les patients nous disent merci
, où l'émotion nous nourrit
. On perçoit, une fois encore, combien l'engagement affectif de ces futurs professionnels de santé est prégnant. Osons dire tout de même qu'il faudrait aller un peu plus loin, mieux les armer pour affronter des conditions de vie au travail difficiles, dans un environnement qui ne l'est pas moins et où la reconnaissance et les salaires sont loins d'être au rendez-vous...
Agnès Buzyn le leur dit : votre métier a du sens. Il s'agit bien de prodiguer un soin global, fait de douceur, d’attention et de relation à l'autre. Un véritable engagement passion qui fait qu'on a envie de se lever le matin
. Le mot compétences n'est pas prononcé... dommage, non ? Myriam El Khomri rajoute de son côté que ces futures aides-soignantes sont des ambassadrices à qui on doit donner de véritables perspectives de carrière avec notamment une amélioration de la qualité de vie au travail ; un travail dur physiquement, autant que moralement, comme en témoigne l'indigne sinistralité liée au travail d'aide-soignant
.
Répondant à la ministre qui l'interroge sur ce qu'elle fera une fois diplômée, cette élève lui demande en toute candeur : "et vous, vous faisiez quoi avant ?" Etonnant de constater que l'éveil sur les politiques de santé et leurs acteurs n'est pas au rendez-vous des enseignements...
"Aide-soignant : une formation d'avenir" : quels changements demain ?
Notre ambition, a souligné Agnès Buzyn, c’est de sortir d’une vision du métier d’aide-soignant réduite à l’exécution d’une série d’actes, voire de tâches. Et de reconnaître ce qui fait leur spécificité propre
. On ne le sait que trop, aide-soignant est loin d'être un métier "attractif" et le nombre de candidatures au concours d’entrée en IFAS en témoigne : une baisse de 25% ces cinq dernières années. Les établissements de santé, les Ehpad, peinent à recruter, entretenant par là même des conditions de travail jugées indignes tant par les professionnels eux-mêmes, que leurs patients et leur famille. Un travail à la chaîne insupportable... Pourtant, a rappelé Agnès Buzyn, comme l’avait identifié Myriam El Khomri dans son rapport sur les métiers du grand âge , les aides-soignants jouent un rôle central dans l’accompagnement des patients de notre système de soin et en particulier des résidents des établissements pour personnes âgées
.
Pour renforcer l’attractivité de ce métier, Agnès Buzyn initie donc une série de mesures.
Première mesure, attendue, la suppression du concours d’aide-soignant. Il est remplacé par un système d’examen de dossier et d’entretien oral valorisant davantage les qualités attendues, notamment les qualités relationnelles. Cette mesure s’appliquera dès septembre 2020, avec un mécanisme transitoire pour ne pas pénaliser celles et ceux qui préparent actuellement le concours. La ministre l'a souligné, le recrutement par voie de concours a montré ses limites. Il pouvait être un frein pour les candidats par "manque de confiance", coûter cher dans la mesure où plusieurs concours pouvaient être tentés. De plus, l'épreuve ne valorisait pas suffisamment les compétences notamment humaines pour entrer en formation et y rester. Notre priorité c'est d'être assuré qu'à l'issue de leur formation, les diplômés AS sont prêts à exercer leur métier avec les compétences requises et en toute sécurité.
Deuxième mesure, toute aussi attendue, la refonte de la formation initiale. Elle passera de 10 mois à 12 mois, autour de nouveaux enseignements comme le repérage des fragilités, de "nouveaux" actes réalisables par les aides-soignants, la prévention de la perte d’autonomie, le raisonnement clinique en équipe pluri-professionnelle et des enseignements nouveaux dispensés autour des outils de communication, de la domotique et de tout ce qui doit faciliter la pratique professionnelle future. Pour ce faire, le groupe de travail a mis en valeur pour la première fois trois missions absolument centrales : accompagner la personne dans les activités de sa vie quotidienne et sociale et dans le respect de son projet de vie, collaborer au projet de soins personnalisé dans son champ de compétences et contribuer à la prévention des risques et au raisonnement clinique interprofessionnel.
Agnès Buzyn l'a précisé, pour prendre en compte ces nouveaux enseignements et ces nouvelles ambitions, la formation sera en effet légèrement allongée et équilibrée avec une répartition égale entre la formation pratique et théorique, pour une durée totale de 44 semaines. Je présenterai en détail le nouveau référentiel de formation de la profession d’ici à la mi-mai, pour une mise en oeuvre en septembre 2020. Il nous restera à mener la réflexion, en lien avec les conseils régionaux, sur la capacité de l’appareil de formation de nos instituts, qui doivent accueillir plus d’élèves aides-soignants.
La ministre a également souhaité souligner un point spécifique repéré lors de la présentation du rapport El Khomri : j’avais été frappée par le témoignage d’un membre de l'équipe projet, un aide-soignant, qui rappelait que les aides-soignants ne peuvent pas enseigner eux-mêmes en IFAS. Cela ne me paraît pas juste, et même contraire au bon sens. Les aides-soignants doivent pouvoir partager leur savoir, leur expérience, et former ceux qui feront l’avenir de leur profession. Nous allons changer cela, rapidement
.
La formation sera en effet légèrement allongée et équilibrée avec une répartition égale entre la formation pratique et théorique, pour une durée totale de 44 semaines. Je présenterai en détail le nouveau référentiel de formation de la profession d’ici à la mi-mai, pour une mise en oeuvre en septembre 2020.
Autre mesure annoncée, le renforcement des moyens financiers dédiés à la prévention de la sinistralité, avec la création, selon Agnès Buzyn, d'un fonds national de prévention doté de 40 millions d’euros et dédié au financement d’actions très concrètes de prévention dans la fonction publique hospitalière. Les structures du secteur privé connaîtront également une hausse substantielle des aides dédiées à la prévention
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Agnès Buzyn a annoncé également, pour renforcer l’attractivité du métier AS, "revoir la formation continue". Nous le savons
, a-t-elle expliqué, les aides-soignants sont et seront toujours davantage en première ligne pour l’accompagnement des personnes âgées. Mais jusqu’à aujourd’hui, soyons lucides, soyons honnêtes et disons les choses clairement : la formation et la reconnaissance financière n’étaient pas à la hauteur de cette mission fondamentale. Pour changer cela, nous avons pris plusieurs décisions. D’abord, je l’ai annoncé dans le cadre des mesures "investir pour l’hôpital" le 20 novembre dernier, et cela concerne l’ensemble des aides-soignants exerçant en EHPAD, en unités de soins longue durée ainsi qu’en service de soins de suite et de réadaptation ou de médecine gériatrique. Ils bénéficieront tous d’une nouvelle prime de 100 euros nets par mois. Cette prime est effective depuis janvier 2020, et elle sera versée avec effet rétroactif d’ici quelques semaines.
De plus, pour répondre aux besoins de formation et sortir d’une minorité de soignants formés et passer à une majorité de soignants formés
, les aides-soignants intervenant auprès des personnes âgées pourront bénéficier d’une nouvelle formation collective certifiante centrée sur les besoins des personnes âgées, d’une durée de 3 semaines. La ministre a souligné également la nécessité de travailler sur la gestion des fins de carrières. Un nouvel outil d’aménagement du temps de travail et de reconversion sera mis en place, avec un temps partiel de fin de carrière financé par le Fonds pour l’Emploi Hospitalier. L’objectif, c’est de permettre aux aides-soignants et aux agents des services hospitaliers qualifiés d’opter pour un mi-temps payé à 75% sur leurs deux dernières années de carrière et de continuer à cotiser pour leur retraite à 100%. Et surtout je rappelle mon engagement pour la création d’un grade de débouché en catégorie B pour les aides-soignants en fin de carrières
.
La façon dont nous réinventons le métier d’aide-soignant est significative de l’ambition que nous portons pour notre système de santé. Je suis fière de pouvoir, aux côtés de Myriam El Khomri, jeter les bases d’un métier résolument tourné vers l’avenir. Agnès Buzyn
Pour conclure sa déclaration, Agnès Buzyn, a souligné sa détermination à construire, ensemble, l'avenir de ce beau métier d'aide-soignant
, parce que le système de santé n’est rien sans ceux qui le font vivre. Je veux donc que nous apportions collectivement de la reconnaissance et des perspectives, pour que la société tout entière soit digne de ceux qui sont en première ligne dans la prise en charge des patients, de nos aînés, de nos proches, de nous-mêmes
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Ecouter le discours intégral d'Agnès Buzyn à l'IFAS de Nanterre.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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