GRANDS DOSSIERS

Quid des patients porteurs du coronavirus (HcoV-EMC)

Publié le 08/04/2013
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Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a publié des recommandations pour la prise en charge des patients suspects d’infections dues au nouveau coronavirus (HcoV-EMC). La Société Française d'Anesthésie Réanimation (SFAR) en a fait une synthèse, reprise ici et enrichie par nos soins de quelques précisions supplémentaires.

Une nouvelle procédure actualisée au 13 mai 2013 est disponible sur le lien suivant : http://www.sfar.org. Elle permettra le cas échéant d'adopter les bonnes pratiques recommandées par les autorités sanitaires françaises et internationales.

De septembre 2012 au 12 mars 2013, quinze cas de personnes atteintes par le coronavirus (HcoV-EMC) ont été documentés et neuf patients sont décédés. En Arabie Saoudite, au Qatar, en Jordanie et en Grande-Bretagne, il s’agissait en grande majorité de pneumonies graves, associées dans 5 cas (possiblement plus) à une insuffisance rénale aiguë. Un cas a nécessité une oxygénothérapie transmembranaire extracorporelle (ECMO). Cette pathologie est due à un virus à ARN de la famille des Coronaviridae, genre bêta-coronavirus, proche du coronavirus du SRAS à l’origine de l’épidémie de 2003 .

Ce HCoV-EMC (pour Human Coronavirus – Erasmus Medical Center) est également dénommé NCoV (pour Novel Coronavirus). Il existe une transmission interhumaine mais un réservoir animal a été évoqué (réservoir possible chez les chauves-souris).

Quand faut-il y penser ?

Il existe deux cas de figures :

  • toute personne ayant voyagé ou séjourné dans les pays évoqués précédemment qui au cours des 10 jours après son retour a présenté des signes cliniques et/ou radiologiques de pneumopathie grave ;
  • tout contact (famille, soignants) d’un cas possible ou confirmé, ayant présenté une infection respiratoire aiguë, quelle que soit sa gravité, dans les 10 jours suivant le dernier contact avec le cas possible/confirmé.

Le traitement est alors symptomatique de la détresse respiratoire et de l'insuffisance rénale éventuelle. Il n’y a pas de traitement antiviral spécifique.

Que faut-il prélever ?

Plusieurs examens sont indispensables :

  • écouvillonnage nasal ou pharyngé ;
  • prélèvements de sang : 1 tube sec et 1 tube EDTA (pour sérologie et charge virale sérique).

Les prélèvements pour recherche du HCoV-EMC doivent être adressés à l’un des laboratoires du Centre national de référence des virus influenzae.

Isolement et désinfection

Des mesures d’isolement des cas possibles et confirmés (avec éventuellement protection de l’entourage) sont à mettre en place le plus rapidement possible.
A ce stade de connaissances limitées sur les modes de transmission de ce virus émergent, il faut associer les précautions complémentaires de type « Air » et les précautions complémentaires de type « Contact » : hospitalisation en chambre individuelle, avec un renouvellement correct de l’air de préférence, en chambre à pression d’air négative (c’est-à-dire en dépression) si elle existe dans le service et, si possible, avec sas (pour l’habillage et le déshabillage des professionnels intervenant auprès du patient).

Pour les professionnels de santé et visiteurs

Des mesures de protection sont à mettre en place :
- port d’une surblouse à usage unique, avec un tablier plastique en cas de soins à risque mouillant ou souillant ;
- port de gants non stériles à usage unique ;
- port d’un appareil de protection respiratoire (masque) de type FFP2 ;
- port de lunettes de protection pendant un soin exposant ;
- hygiène des mains par friction avec un soluté hydroalcoolique (SHA) dès le retrait des gants et avant de quitter la chambre.

L’ordre séquentiel d’utilisation de ces équipements de protection est le suivant :
- placer l’appareil de protection respiratoire (masque) FFP2 avant d’entrer dans la chambre ;
- vérifier son étanchéité par un test d’ajustement ;
- entrer dans la chambre ;
- enfiler une surblouse à usage unique ;
- porter un tablier plastique à usage unique en cas de soins à risque d’être mouillant ou souillant ;
- mettre des lunettes de protection en cas de soin exposant au risque de projection ;
- réaliser un geste d’hygiène des mains par friction avec un soluté hydro-alcoolique SHA ;
- enfiler des gants non stériles à usage unique.

Une fois le soin terminé :
- enlever les gants ;
- enlever la surblouse ;
- se frictionner les mains avec un soluté hydro-alcoolique (SHA) ;
- retirer les lunettes et les nettoyer avec une lingette détergente/désinfectante, dont on se sera assuré de l’efficacité sur les coronavirus (sauf s’il s’agit de lunettes à feuilles à usage unique)
- sortir de la chambre ;
- retirer l’appareil de protection respiratoire (masque) FFP2 en dehors de l’atmosphère contaminée (la chambre ou le box) ;
- se frictionner les mains avec un soluté hydro-alcoolique.

Si le patient doit quitter impérativement sa chambre (examen complémentaire par exemple), il devra porter un masque chirurgical et effectuer une désinfection des mains par friction avec un SHA.

Pour le matériel et les locaux

Pour la désinfection du matériel, il faut savoir que le coronavirus est sensible à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel) à 0,1 %, aux composés organochlorés à 0,1 %, aux iodophores à 10 %, à l’éthanol à 70 % et au glutaraldéhyde à 2 %. Ce virus est par contre résistant aux composés d’ammonium quaternaire à 0,04 % et aux dérivés phénoliques. Tous les matériels jetables seront alors placés dans un conteneur à déchets contaminés et éliminés suivant la filière des DASRI.

Déclaration obligatoire

Tout cas suspect d’infection au coronavirus doit être déclaré sans délai à l’Agence régionale de santé (ARS) de la région où il a été identifié, via la plateforme régionale de recueil des signalements et l’Institut de veille sanitaire (INVS) par courriel à l'adresse suivante alerte[a]invs.sante.fr.

Pr. Dan BENHAMOU
Président de la SFAR

Audrey DEMEILLEZ
Rédactrice Infirmiers.com
audrey.demeillez@infirmiers.com


Source : infirmiers.com