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Pose d'un cathéter veineux périphérique : un geste à risque...

Publié le 03/04/2013
pose catheter veineux peripherique

pose catheter veineux peripherique

Les 14 et 15 février 2013 se sont déroulés les 4èmes États Généraux de l'association le Lien. L'occasion de présenter une étude intitulée : « le cathétérisme veineux périphérique : un geste banalisé et pourtant non dénué de risques », qui rappelle les consignes d'hygiène élémentaires à la bonne utilisation d'une voie veineuse périphérique.

« Associer le patient à son soin, c'est poser une barrière de sécurité supplémentaire. Il y a une volonté de ne pas négliger les risques liés à ce geste banal qu'est la pose d'un cathéter veineux périphérique : c'est le message à faire passer aux soignants, ainsi qu'aux patients », déclare François Serratrice, pharmacien hospitalier et membre du groupe de travail de l'association le Lien (cf. encadré). En effet, 33 millions de voies veineuses périphériques (VVP) sont posées chaque année en France. Un acte qui présente un risque d'infections associées aux soins (IAS) si certaines précautions ne sont pas respectées.

Les infections associées aux soins

Les infections associées aux soins comprennent aussi bien les infections nosocomiales (IN) touchant les patients, que les accidents d’exposition au sang (AES) chez les professionnels de santé. En France, 5% des hospitalisations sont compliquées par une infection associée aux soins (IAS), ce qui représente 750.000 cas chaque année. Les IAS sont à l’origine de 9.000 décès par an – soit 80 décès chaque semaine - 4.200 d’entre eux concernait des patients pour lesquels le pronostic vital n’était pas engagé à leur entrée à l’hôpital. Rappelons qu'une enquête du groupe d'évaluation des pratiques en hygiène hospitalière (GREPHH3) datant de 2009 a révélé qu’un peu plus d’un patient sur 1.000 développe une infection sur VVP. Les cathéters veineux périphériques sont en effet à l’origine de 4 à 8 % des bactériémies nosocomiales, et de 5% des bactériémies iatrogènes en ambulatoire.
Une étude anglaise montre par ailleurs que dans les hôpitaux non universitaires, ces cathéters sont à l’origine de près de 20 % des bactériémies liées à un dispositif médical. Les infections locales sont les plus fréquentes et les germes en cause font partie en majorité de la flore cutanée.

Une étude nécessaire face à ce constat

Ce constat fait par l'association le Lien a abouti à la création d’un groupe de travail afin de progresser dans la prévention des IAS sur VVP. Pendant les deux années de l'étude, ces professionnels (anesthésiste, cadre de soins, infirmier hygiéniste, médecin hygiéniste, pharmacien hospitalier), se sont donc réunis régulièrement afin d’établir un guide de bonnes pratiques compilant les études et recommandations autour du cathétérisme veineux périphérique pour aider les soignants dans leur pratique quotidienne.

Des nouvelles recommandations de bonnes pratiques

Les recommandations issues de cette étude peuvent être facilement mises en place par les professionnels. En voici la substance :

  • vérifier la pertinence de la voie d’administration du médicament avant la pose de la VVP. La voie intra-veineuse est-elle indispensable ? ;
  • adapter les dispositifs médicaux au patient et à son traitement en simplifiant le montage de la ligne de perfusion, pour réduire le nombre de connexions (limiter les connexions et les robinets, ne jamais reconnecter une ligne de perfusion débranchée, regrouper les manipulations, privilégier les valves bi-directionnelles...) ;
  • adapter le diamètre du cathéter en fonction de la taille de la veine à perfuser et de l’état du patient, du médicament, du débit nécessaire au traitement à injecter et de la durée du traitement ;
  • adopter des réflexes d’hygiène systématiques : lavage des mains et gants stériles pour la pose, préparation cutanée du patient avant la pose (nettoyage de la peau à l’eau et au savon avant l’application d’un antiseptique dermique) ;
  • utiliser un rinçage pulsé pour l’entretien du cathéter (avec une seringue de NaCl 0.9% idéalement pré-remplie, avec volume adapté au montage (3 ml suffisent) et seringue équivalent à 10 ml ;
  • assurer une traçabilité portant sur la localisation et le diamètre du cathéter, le nom de l’opérateur et la date du geste : pose, entretien, ablation et sa raison ;
  • bien informer le patient sur la raison de la pose de la VVP ainsi que sur les complications éventuelles et la conduite à tenir si elles apparaissent.

Le groupe a également décidé de développer différents outils visant à promouvoir ces bonnes pratiques, ainsi deux posters ont été présentés : l'un est un outil d’aide à l’application des recommandations des bonnes pratiques à l’usage des soignants, l'autre est un rappel de quelques éléments de bonnes pratiques.

Enfin, un guide pratique est en cours de finalisation pour aider les infirmiers dans leur pratique quotidienne avec une diffusion prévue fin 2013.

En conclusion

L’utilisation des VVP implique une prise de conscience des risques. Ces derniers peuvent être réduits par l’observance au quotidien de procédures simples qu'il est toujours bon de rappeler.

Association Le LIEN

Le LIEN est une association de défense des patients et des usagers de la santé. Son cœur de mission est de défendre les victimes d'accidents médicaux. Son action s’exerce dans le cadre de la lutte contre les infections nosocomiales qu’il s’agisse d’erreurs, de fautes ou d’aléas. Le LIEN n'a qu'un seul parti pris : celui des patients et de leur sécurité. Sa mission première est d’apporter une aide personnalisée aux victimes d’accidents médicaux et plus particulièrement aux victimes d’infections nosocomiales.

Audrey DEMEILLEZ
Rédactrice Infirmiers.com
audrey.demeillez@infirmiers.com


Source : infirmiers.com