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Flo & Yo - Maëlle, infirmière en Nouvelle-Calédonie

Publié le 23/01/2014
Nouvelle-Calédonie fruits

Nouvelle-Calédonie fruits

Nouvelle-Calédonie paysage

Nouvelle-Calédonie paysage

Nouvelle-Calédonie population

Nouvelle-Calédonie population

Nouvelle-Calédonie ambulance

Nouvelle-Calédonie ambulance

Nouvelle-Calédonie Maëlle enfants

Nouvelle-Calédonie Maëlle enfants

Nouvelle-Calédonie Maëlle bureau

Nouvelle-Calédonie Maëlle bureau

Nouvelle-Calédonie Maëlle

Nouvelle-Calédonie Maëlle

Dans leur nouveau billet, Flo & Yo, nos « nurse-trotteurs » ont rencontré Maëlle, une infirmière qui a notamment exercé en Nouvelle-Calédonie. Elle raconte son parcours.

La Nouvelle-Calédonie racontée par une infirmière

Grâce au blog et à nos lecteurs, nous faisons de belles rencontres via notre page de contact et notre page Facebook. L’une d’entre elles s’appelle Maëlle. Elle suit nos récits depuis quelques temps et elle a, elle aussi, décidé d’aller voir ailleurs comment cela se passe. Elle est infirmière et je la qualifierais même d’aventurière. Elle va à la rencontre de populations de Nouvelle-Calédonie qui ont difficilement accès aux soins du fait de leur éloignement des grandes villes. Elle nous livre aujourd’hui une partie de son expérience.

Flo & Yo - Salut Maëlle, est-ce que tu peux te présenter ?

Maëlle - Maëlle, 25 ans, Haute-Savoie, infirmière depuis bientôt deux ans.

Flo & Yo - Quel est ton parcours ?

Maëlle - Être infirmière n’était pas ma vocation de petite-fille. C’est venu comme ça, après le bac. J’ai bossé un an en tant qu’ASH faisant fonction AS dans différentes structures de soins, puis j’ai passé le concours et j’ai intégré l’école en septembre 2008. Et là, ça a été le déclic. Lors de mon premier jour de stage, je me suis dit : C’est vraiment ça que je veux.

Aujourd’hui, je peux dire que je suis très épanouie dans mon boulot (ce qui ne doit pas être le cas de tout le monde...). Après le diplôme, j’ai trouvé un poste en médecine court séjour gériatrique, avec polyvalence en service de gastro-entérologie. J’y suis d’ailleurs toujours !

Flo & Yo - Tu as eu l’occasion d’exercer ton métier d’infirmière en Nouvelle-Calédonie. Peux-tu nous en parler ?

Maëlle - À 17 ans, je suis partie trois mois apprendre l’anglais en Australie, seule. Pour la petite histoire, j’ai pleuré tout le vol du retour (soit 24h) car je ne voulais pas rentrer en France… En deuxième année d’école d’infirmière (septembre 2010), je suis partie effectuer un stage au Sénégal, dans un petit poste de santé à Mbour. Séjour magique... Les locaux sont d’une gentillesse et d’une générosité inimaginable. Huit mois après mes débuts d’infirmière diplômée d’État, septembre 2012, je m’envole pour la Nouvelle-Calédonie. Ce tout petit pays, inconnu de beaucoup, à côté de l’Australie et de la Nouvelle Zélande. Pourquoi la Nouvelle-Calédonie ?! Hmm, probablement à la suite d'un reportage que j’avais vu totalement par hasard. Avant ça, je n’en n’avais jamais entendu parler. J’ai fait quelques recherches sur le pays et vu qu’ils parlent français, je me suis dit que ça serait plus facile pour trouver du travail. Je pars donc avec mon sac à dos, sans avoir organisé quoi que ce soit. J’ai fait de belles rencontres de voyageurs et après avoir vadrouillé pendant six semaines à la découverte du territoire, je décide de trouver un travail en dispensaire. Je ne voulais absolument pas travailler à l’hôpital de Nouméa. Cette ville me donnait de l’urticaire  et ne reflète pas du tout la Nouvelle-Calédonie. Comme toutes les grandes villes, me direz-vous. Bref, j’ai trouvé un poste d’infirmière itinérante pour la province Nord. Ce qui signifie que j’étais une infirmière qui se baladait de dispensaire en dispensaire selon les besoins.

Flo & Yo - Quels étaient tes missions et ton rôle ? Qu’as-tu appris là bas ?

Maëlle - Expérience ô combien enrichissante à tous points de vue. Professionnel, personnel... Mais, je mentirais si je disais que ça n’a pas été par difficile moments. Le travail en dispensaire s’articule entre consultation infirmière (comme chez le médecin traitant en France), pansements, la Protection Maternelle Infantile (PMI - vaccination des enfants, croissance, conseils…) et puis les urgences avec un système de garde pour les soirs et week-end. Selon l’activité des dispensaires, il y a plus ou moins de personnel. On peut se retrouver seule dans un dispensaire en tant qu’IDE, avec juste un numéro de médecin en cas d’urgence, comme on peut se retrouver à quatre IDE , deux médecins, une sage-femme.

Il y a une sorte de culture du « vite fait, bien fait » si j’ose dire. Les gens n’aiment pas attendre et il n’est pas franchement question de parler de tout et rien pendant le soin

Mon premier week-end de garde a été mémorable. Cela faisait quatre jours que j’avais commencé à travailler. Mais voilà, qui aurait cru que je me retrouverai à faire un accouchement d’un prématuré à cinq mois ? Certainement pas moi ! Et, à l’école, on n’apprend pas ça… Par ailleurs, il faut savoir qu’en Nouvelle-Calédonie, il y a trois hôpitaux sur tout le territoire et seul celui de Nouméa gère les grosses urgences. Les dispensaires sont loin des hôpitaux et tout prend du temps. De ce fait, pendant près de 2h30, j’ai dû ventiler manuellement le bébé que je venais de mettre au monde, avec le médecin qui n’avait jamais fait ça non plus (équipe de choc ^^ ), tout en essayant de le réchauffer si je ne voulais pas qu’il meurt. 2h30 : c’est le temps qu’a mis le SAMU pour arriver… Eh bien, c’est long, très long. Quelques heures plus tard, je me suis faite réveiller à 5h du matin par les gendarmes pour un enfant en détresse respiratoire… Une belle entrée en matière pour une première garde !

Les gardes sont stressantes car on ne sait jamais pour quoi on va être appelé et on peut être amené à sortir « l’ambulance » en plein milieu de la nuit, en brousse, seule pour aller gérer un AVP… Il y a des jours difficiles et il faut bien garder ça en tête. Cependant, il est clair que j’ai appris énormément de choses, et que j’ai acquis un peu plus de confiance en moi. On apprend à être polyvalent : consultations médicales, pédiatre, sage-femme, manip-radio, ambulancier, infirmier, psy… Le principal problème de santé publique est le RAA (ou Rhumatisme Articulaire Aigu) qui n’existe plus en France depuis plusieurs années. C’est une affection à streptocoques qui touche les articulations par un syndrome inflammatoire et qui peut aller toucher les membranes séreuses comme le péricarde ou la plèvre. Du coup, il y a un gros travail de prévention. Le traitement consiste en des injections d’antibiotiques toutes les trois semaines et ce dès le plus jeune âge. Il y a aussi de gros problème d’alcool, d’obésité et toutes sortes d’infections dues à un manque d’hygiène.

La culture locale est très présente en brousse. Avant de venir au dispensaire, les kanaks essaient de se soigner avec leurs plantes et attendent le dernier délai pour venir consulter au dispensaire. Il n’y a pas de supermarché, seulement des petites alimentations où on peut trouver deux trois bricoles. Beaucoup de fruits sont dans la nature (letchis, mangues, citrons, papayes, fruits de la passion, ananas, cocos, bananes…). Par contre, pour les légumes, c’est plus compliqué. Il n’y a rien en brousse, du coup pas de tentation pour faire des dépenses quelles qu’elles soient. Le seul endroit où on peut dépenser est le nakamal pour boire le kava !

Flo & Yo - Qu’est ce qui t’a le plus marquée à l’étranger ?

Maëlle - Ce qui m’avait déjà interpellée au Sénégal, c’est la notion de rapidité. Oui, il faut faire les soins vite. Il y a une sorte de culture du « vite fait, bien fait » si j’ose dire. Les gens n’aiment pas attendre et il n’est pas franchement question de parler de tout et rien pendant le soin. On apprend à connaître les locaux en dehors du dispensaire et bien souvent au nakamal. C’est l'endroit où l’on boit le kava.

Après mes six mois en Nouvelle-Calédonie, j’ai repris mon sac de globe-trotteuse pour découvrir le Vanuatu (qui restera mon plus beau souvenir) et la Nouvelle-Zélande. Au Vanuatu, j’ai vécu dans un tout petit village, au fin fond la jungle, sur une toute petite île à 5h de marche du village principal. Seule blanche, sans eau, sans électricité, sans voiture, coupée de tout, sauf d’humanité ! J’ai eu la chance de partager le quotidien des Vanuatais. J’en garde un souvenir magique et intact et je crois avoir encore des étoiles dans les yeux quand j’en parle. Les gens sont d’une gentillesse et d’une générosité immense. Ils étaient contents de rencontrer une petite Française qui s’intéressait à eux et à leur mode de vie. Ils vivent de la pêche, de leur culture, des fruits (cocos, papayes, bananes…). Ils construisent leurs villages avec ce que leur offre la nature. De temps en temps, un membre de la famille rend visite à d’autres membres de la famille sur une autre île ou à Port Vila capitale de l’île principale) et ramène des habits (non ils ne vivent pas tout nu et tout bronzé ! ^^ ) ou du riz, café...

J’ai eu la chance de partager cela avec eux quelques jours. Aller prendre « son bain » après une très longue randonnée dans la jungle par 45°, dans la rivière, entre filles et en profiter pour laver son linge, rire entre filles, apprendre à faire de la musique avec l’eau… Du bonheur !!!  En revenant du Vanuatu, je me rappelle avoir ressenti un apaisement immense et un bien-être total. Cela peut paraître bête, mais voilà, j’avais trouvé, je pense, ce que j’étais partie chercher en quittant la France et que je n’avais pas trouvé en Nouvelle-Calédonie. Bien-être que j’avais déjà ressenti au Sénégal...

Les gardes sont stressantes car on ne sait jamais pour quoi on va être appelé et on peut être amené à sortir « l’ambulance » en plein milieu de la nuit

Flo & Yo - Quel est ton regard sur ton métier d’infirmier en France ?

Maëlle - Le retour en France a été difficile moralement. Que voulez-vous, comme le dit si justement Sylvain Tesson : « On ne devient pas voyageur, on naît ce que l’on est ». Ce qui me dérange aujourd’hui encore plus, c’est que je constate tristement à quel point l’hôpital en France devient une entreprise, dirigé par la notion de rentabilité (sujet de mon TFE). J’ai le sentiment, que parfois, il y a un manque d’authenticité dans les soins. Et la notion du gaspillage, je n’en parle même pas ! A croire, que l’on vit dans une bulle stérile !

Flo & Yo - Comment fais-tu pour travailler en France ?

Maëlle - C’est exactement ce que je me demande en ce moment. Quand je suis rentrée en France en avril, j’avais vraiment envie et besoin de rentrer. C’était aussi mon premier long voyage. Aujourd’hui, je pense qu’à repartir… J’ai de plus en plus de difficultés avec mon travail à l’hôpital.

Flo & Yo - Et après, quels sont tes projets ?

Maëlle - Pour ce qui est des projets, je suis en train de réfléchir et d'organiser mon prochain voyage pour le début d’année. Je pense partir en Asie, et si vous avez des infos pour travailler en dispensaire, je suis toute ouïe !

Merci Maëlle d’avoir partagé tes aventures avec nous, c’est très enrichissant ! Bravo ! Et n’hésite pas à nous tenir au courant de tes nouveaux voyages, nous restons à ton écoute…

Flo & Yo - Deux soignants à la conquête du monde !

En novembre 2011, Yohan, alors âgé de 31 ans, aide-soignant - Yoan est entré en Ifsi à la rentrée 2012 - et Florence, 28 ans, étudiante manip radio en 2éme année, férus de voyages et d'expériences insolites ont créé « Care Conception Through the World », une association loi 1901 dont le nom peut être traduit en français par « La conception du soin autour du monde ». Son but ? Réaliser des reportages photos et vidéos, à travers le monde, sur les différentes façons de concevoir le soin. En résumé : voyager, découvrir, et surtout partager avec la communauté soignante et même au-delà ! Ils nous ont présenté leur projet sur Infirmiers.com, partenaire de leur aventure à venir. Retrouvez l'intégralité sur www.floetyo.com

Florence et Yohan MAUVE Rédacteurs Infirmiers.comcontact@floetyo.com

Merci à Flo & Yo pour le partage de leur article.


Source : infirmiers.com