Il est urgent de s’occuper des urgences ! La Cour des Comptes en est convaincue et propose des solutions dans son dernier rapport. En effet, toujours plus de passages, et toujours moins d’effectifs, une situation qui ne peut plus durer. Réforme de la tarification, fermeture des petites structures d’urgences la nuit ou restructure de l’offre de soins en ville, les préconisations ne manquent pas.
Dans son rapport public annuel 2019, dévoilé ce mercredi matin, la Cour des comptes formule six recommandations pour aider les 641 services d'urgences toujours trop sollicités
à sortir de l'ornière
.
Les sages
fondent leurs préconisations sur un constat alarmant. En 2016, les urgences (tous secteurs) ont enregistré 21,2 millions de passages pour un coût de 3,1 milliards d'euros. Le nombre de passages progresse en moyenne de 3,6 % par an (15 % en quatre ans) alors que 20 % des patients enregistrés aux urgences relèvent de la médecine générale de ville, selon la Cour qui s'appuie sur les remontées de terrain
.
Cette dynamique se heurte au sous-effectif médical, générateur de tension dans un nombre croissant d'établissements
. Double signal inquiétant : 77 % des médecins travaillent aux urgences à temps partiel en 2016 (contre 46 % trois ans plus tôt) ; et 25 % des postes à temps plein et 45 % de ceux à temps partiel sont vacants. Pour ne rien arranger, la tarification est jugée complexe et peu propice à un report des prises en charge hospitalières vers une médecine de ville insuffisamment outillée pour les accueillir
.
Autre idée : déléguer systématiquement aux infirmières certains actes réalisés aux urgences de façon à libérer du temps médical
Délégation de tâches
La restructuration de l'offre de soins libérale est jugée primordiale
. La Cour suggère de formaliser dans les territoires un dispositif d'accès aux soins non programmés, assis sur un renforcement de la permanence des soins ambulatoires
insuffisante
en l'état et sur l'offre hospitalière publique et privée
.
Elle évoque le transfert de la patientèle stable et de la petite traumatologie des urgences vers des centres de soins non programmés dotés d'un plateau technique léger, hébergés dans les futurs hôpitaux de proximité ou en maisons de santé libérales. Souci : ces MSP ne sont cependant pas en capacité de traiter certains types de patients, compte tenu de l'absence de plateau technique
, déplorent les sages.
Deuxième prescription, cette fois à l'intention des établissements : faire évoluer
les petits services d'urgences à l'activité insuffisante
vers la fermeture franche ou nocturne
ou la transformation en centre de soins non programmés. Autre idée : déléguer systématiquement aux infirmières certains actes réalisés aux urgences (dispensation d'antalgiques, prescription de radios, pose d'un dispositif d'immobilisation après diagnostic) de façon à libérer du temps médical.
En parallèle, la Cour suggère de développer des filières d'admissions directes
pour les personnes âgées dans des services MCO ou de soins et de réadaptation.
Enfin, rien ne sera possible sans réforme de la tarification. La Cour pousse à deux niveaux : la création d'un financement incitatif au redéploiement des urgences légères vers la ville (une expérimentation est financée dans le budget de la Sécu 2019) ; la naissance d'un modèle économique pour financer les centres de soins non programmés.
Cet article a été publiée par le Quotidien du médecin le 06 février 2019. Nous les remercions pour ce partage.
Anne Bayle-IniguezJournaliste au Quotidien du médecin
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