La "mission flash" commandée par Emmanuel Macron sur la situation des urgences a soumis une "boîte à outils" à Elisabeth Borne, qui propose notamment une meilleure orientation des patients et une revalorisation des personnels hospitaliers.
41, c'est le nombre de propositions que la «mission flash» sur les soins non programmés lancée par Emmanuel Macron et présidée par le Dr. François Braun, président de Samu-Urgences de France, a déposé sur le bureau d’Elisabeth Borne, la Première ministre, jeudi 30 juin. Le document, de 60 pages, a été présenté lors d’une réunion de travail avec la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, de l’Assurance maladie et de France Assos Santé.
Mieux réguler les flux d'entrées aux urgences
Pour rappel, l’objectif de cette «mission flash» est d’identifier des solutions pour surmonter un été jugé à haut risque, l’association de François Braun ayant alerté fin mai sur les 120 services d’urgence
contraints de réduire leurs activités ou s’y préparant par manque de personnel. Car même les grands hôpitaux et CHU, comme Toulouse, Grenoble ou Bordeaux, où les soignants ont été appelés à une grève illimitée
, ne sont pas épargnés. La mission préconise ainsi de réguler les admissions
, soit avec un triage paramédical à l’entrée
des urgences (avec un forfait de réorientation structuré vers la ville ou l'hôpital), soit par une régulation médicale préalable systématique
par le standard téléphonique du Samu. Le rapport suggère même de limiter par endroits l’accès aux seules urgences vitales
, en particulier la nuit. Avec pour objectif de mutualiser les moyens de plusieurs services sur un seul site
grâce à cette suspension partielle d’activité. Une mesure qui a été rejetée notamment par Christophe Prudhomme, le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui a dénoncé sur Twitter la fin du service public ouvert 24 heures sur 24,
c'est-à-dire un État qui abandonne la population avec comme conséquence des morts évitables.
Enfin, pour fluidifier l’aval des urgences, la mission propose de créer une cellule d’ordonnancement
dans chaque hôpital, qui serait joignable via un numéro direct, dont les URPS infirmiers et médecins libéraux devront assurer la diffusion.
Mobilisation des volontaires et revalorisation de l'activité
Parallèlement, elle préconise de renforcer les effectifs aux urgences avec, entre autres, la participation des pompiers à l’activité des services et le recours aux libéraux et soignants remplaçants ou retraités volontaires. Côté budgétaire, la mission réclame une revalorisation du travail de nuit et des ponts estivaux (14 juillet et 15 août) pour les personnels hospitaliers, ainsi qu’une prime pour les équipes des urgences psychiatriques, pédiatriques et gynécologiques. En revanche, le rapport ne mentionne pas une obligation de garde individuelle pour les médecins libéraux, à laquelle ces derniers sont par ailleurs opposés.
Ce n'est pas suffisant
, a réagi Patrick Chamboredon, le président de l'Ordre des Infirmiers, qui aimerait que la profession infirmière obtienne des compétences élargies
" afin de gérer une filière de soins courants pour désengorger les urgences
. Les syndicats d'infirmiers libéraux plaident notamment pour la création d'infirmiers de première ligne
, qui pourraient prendre en charge certains maux du quotidien et éviter ainsi le recours aux urgences. La cheffe du gouvernement devra désormais rendre son arbitrage et trancher parmi ces 41 propositions.
La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP
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