Une expérimentation imaginée en Bretagne autorisant l'accès direct aux pharmaciens dans certaines conditions suscite l'inquiétude des infirmiers et médecins libéraux.
C’est une expérimentation décidée dans le cadre de l’Article 51 (dispositif permettant d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement inédits) qui hérisse aujourd’hui les médecins et infirmiers libéraux de Bretagne. Au cœur de la grogne : une organisation qui permet un accès direct aux pharmaciens pour la prise en charge de plusieurs petits maux
dans un cadre protocolisé.
Un accès direct conditionné à 13 symptômes...
13 symptômes ont ainsi été identifiés : rhinite, douleur pharyngée, douleur lombaire, diarrhée, vulvo-vaginite, céphalée, constipation, douleur mictionnelle, conjonctivite, piqûre de tique, plaie simple, brûlure au 1er degré, dyspepsie fonctionnelle. S’appuyant sur des arbres décisionnels qu’ils mobilisent lors de l’entretien avec le patient, les pharmaciens ont la possibilité soit de lui conseiller un traitement – à condition qu’il ne soit pas soumis à une obligation de prescription médicale – soit de l’orienter vers un médecin généraliste ou un service d’urgence. C’est ce que l’ARS décrit comme des "situations de triage"
, relève la Fédération Nationale des Infirmiers dans un communiqué, ajoutant que, en six mois, les 50 officines
concernées par l’expérimentation ont pris en charge 400 patients en accès direct dont 25 % ont finalement nécessité une consultation médicale.
... perçu comme une négation de "l'expertise clinique" des infirmiers
Pour autant, pointe le syndicat, si ce dispositif permet de soulager en partie les médecins libéraux, notamment dans les déserts médicaux, ces derniers y voient aussi un risque : celui de voir le pharmacien devenir le "gate-keeper" donnant, ou non, le feu vert à la consultation médicale
, alors même, jugent-ils, qu’il ne possède pas d’expertise clinique. Du côté des infirmiers libéraux aussi, l’expérimentation passe mal. En cause : orientation des patients et prise en charge des plaies, douleurs et brûlures font partie de leur rôle propre. Si la coopération entre professionnels de santé est indispensable, les infirmiers qui aspirent à devenir une profession à compétences médicales définies, comme les pharmaciens, sont ulcérés de voir qu’on nie encore leur expertise clinique
, proteste la FNI, qui juge que l’extension des compétences vaccinales des pharmaciens, opérées dans le cadre d’expérimentations menées par des URPS de ces professionnels, est à l’origine de la problématique. Pour rappel, dans le cadre de la vaccination contre le Covid-19, sage-femmes et pharmaciens avaient obtenu l’autorisation de prescrire les vaccins avant les infirmiers, cantonnés alors à leur simple administration, ce qui avait suscité l’ire de toute la profession
.
La Rédaction d'Infirmiers.com
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