L'OMS réélit son directeur général et se dote d'un nouveau mode de financement pour plus de réactivité

Depuis le 22 mai, et jusqu’au dimanche 29, l’Assemblée mondiale de la Santé (AMS), l’organe décisionnel suprême de l’Organisation Mondiale de la Santé, se réunit à Genève pour en arrêter la politique, approuver le budget et nommer son Directeur général.

Elle a d’ores et déjà reconduit l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus à la tête de l’organisation et entériné la modification de son système de financement.

Tedros Adhanom Ghebreyesus réélu

Premier Africain à diriger l’OMS, le Dr Tedros était le seul candidat en lice et avait reçu, dès le mois de janvier 2022, un soutien massif à sa réélection par son Conseil exécutif. Je suis fier d'être à l'OMS, a lancé le directeur général, remerciant les délégués pour leur confiance. Ce spécialiste du paludisme en est venu à incarner la lutte contre le Covid-19 durant les deux années de pandémie, durant lesquelles il a notamment réclamé plus de moyens pour les pays pauvres : Cette pandémie a été totalement sans précédent et nous avons construit le bateau pendant que nous naviguions, a-t-il reconnu. J'espère que nous serons capables d'empêcher la prochaine pandémie ou de la gérer aussi efficacement que possible. Le docteur Tedros a également fait part de ses priorités pour son prochain mandat : mettre les soins primaires au cœur de la couverture santé universelle, s'assurer que les gens sont en bonne santé ou encore la préparation et la réponse aux urgences. Il a également promis de renforcer l’amélioration constante de l’OMS.

Un nouveau mode de financement pour plus de flexibilité

Parallèlement, les Etats membres de l’organisation ont accepté d’en changer le mode de financement, notamment afin de lui donner les moyens d’être plus réactive. Jusqu’à présent, la majeure partie des fonds alloués par les États relevaient de contributions volontaires. Le nouveau système amènera progressivement, sur une dizaine d’années, la part fixe du budget de l’OMS à 50%, contre 16% actuellement. Selon les derniers chiffres, les contributions obligatoires ne représentent ainsi que 957 millions de dollars, tandis que les contributions volontaires représentent 3,7 milliards de dollars, pour un budget total relativement faible : 5,8 milliards de dollars pour la période 2020-2021. Dans le prochain budget, les contributions obligatoires augmenteront de 20% et devrait atteindre 1,2 milliard de dollars. C'est un moment historique, s'est réjoui le Dr Tedros, qui espère que cette plateforme de financement permettra à l’organisation de proposer des programmes à long terme, de recruter des experts et d’apporter à ses 194 pays membres le soutien dont ils ont besoin. La décision que vous avez prise ne va pas seulement changer la façon dont cette organisation est financée, mais elle va aussi transformer la façon dont elle travaille.

Mieux se préparer aux prochaines pandémies

Cette évolution fait écho à une autre préoccupation de l’OMS : mieux faire face aux prochaines épidémies. La pandémie de Covid-19 a en effet démontré les limites du champ d’action de l’organisation, qu’illustre également l’éruption de la variole du singe dans des pays où elle n’est d’ordinaire pas présente. Michael Ryan, responsable des situations d'urgence à l'OMS a en effet estimé que ce phénomène est directement lié à notre incapacité, ou notre réticence, à gérer ces risques plus tôt dans le cycle de génération d'une épidémie. D’où la nécessité pour les Etats membres de combler les lacunes en matière de surveillance des épidémies et de préparation. Renforcer la préparation, la réponse et la résilience aux urgences sanitaires est une priorité absolue car la pandémie a montré que le monde n'était pas préparé et qu'il ne l'est toujours pas, a résumé le Dr Tedros devant l'AMS.

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP