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INFIRMIERS SAPEURS-POMPIERS

Les SDIS : des terrains de stage et de formation privilégiés

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Publié le 03/11/2023

Potentiels terrains de stage pour les étudiants infirmiers, les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) se révèlent également des lieux propices de formation continue et, bien souvent, un tremplin dans la carrière pour les diplômés souhaitant s’engager comme infirmiers de sapeurs-pompiers volontaires (ISPV). 

Camion des SDIS

Crédit photo : Pixabay

Les services de santé et de secours médical (SSSM) intégrés au sein des quatre-vingt-dix-sept SDIS que compte le territoire national accueillent en stage près de 2 000 étudiants en soins infirmiers (ESI) chaque année. 

Un stage axé sur une diversité de missions d’urgence

C’est notamment le cas de Charly Guillou, en troisième année à l’IFSI Henri Mondor (94) qui a effectué cette année un stage de dix semaines au sein du SDIS 91. Bénévole à la Croix-Rouge française, avec un service civique effectué au sein de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et un stage préalable aux urgences, ce dernier cochait toutes les cases pour être sélectionné parmi les dix candidats en lice pour intégrer la formation. Avec pour principales missions au programme : 
- de la médecine d’aptitude et de prévention (biométries, dépistages urinaires, électrocardiogramme, entretien infirmier…). En bref « l’activité régalienne d’un SDIS qui permet aux sapeurs-pompiers d’être opérationnels »
- du soutien sanitaire en opération (SSO). En fait « de la médecine de prévention directement sur le terrain où les infirmiers de sapeurs-pompiers (ISP) vont prévenir les dangers potentiels pour les pompiers et, au besoin, prodiguer les gestes de secours pour les personnels blessés.»
- de la formation (manœuvre de nuit, formation des autres professionnels du SDIS…)
- de la coordination (supervision de l’activité des sapeurs-pompiers depuis la régulation)
- de l’aide médicale d’urgence (AMU), « la mission plus présente dans l’imaginaire collectif ». Il s’agit des gardes en centre de secours durant lesquelles les ISP sont amenés, à la demande de la régulation, à se rendre en intervention pour prodiguer des soins infirmiers et des gestes techniques. La grande majorité des interventions sont traitées avec l’utilisation de protocoles infirmiers de soins d’urgence. 
Plus largement durant ce stage, l’étudiant a été encadré par plusieurs ISPP opérationnels, ce qui lui a permis « de voir différentes manières de gérer les interventions».

Notre objectif est l’acquisition de compétences stratégiques

A la découverte de gestes de soins spécifiques

Parmi les gestes découverts, ce dernier mentionne volontiers « l’auscultation pulmonaire » ou encore « la pose d’un cathéter intra-osseux mis en place sur protocole dans le cas d’un arrêt cardiorespiratoire ». Quant à la plus-value du stage, elle porte sans conteste sur le raisonnement clinique : « On va chercher des éléments cliniques ; les liens sont clairement plus poussés que ce que l’on pourrait effectuer en services de soins. En intervention, l’ISP est les yeux du médecin régulateur». 
En somme, « un stage très bénéfique pour les stages suivants » estime Charly Guillou, qui a ainsi acquis des compétences (gestion du stress, examen clinique et recueil de données en pré-hospitalier, adaptation, travail d’équipe…) transposables à d’autres situations ou lieux d’exercice. Comme la pratique en libéral par exemple où «l’IDEL agit seul » et où il doit parfois tout à la fois assurer « une bonne prise en charge relationnelle – savoir trouver les bons mots pour les aidants – tout en se concentrant sur la victime et l’aspect technique », et ce, en utilisant là encore des protocoles de soins spécifiques. Un stage qui, finalement, lui a donné envie de débuter la formation d’ISP volontaire alors qu’il vient, tout juste diplômé, de démarrer sa première prise de poste d’infirmier dans un service de réanimation chirurgicale. 

La formation continue en SDIS, un bon moyen de «cranter dans la profession»

Les services de santé et de secours médical (SSSM) des SDIS sont tout autant des terrains de formation continue pour les infirmiers diplômés souhaitant devenir ISPV. Selon les services, certains profils de candidats sont privilégiés, tantôt “urgence”, tantôt “médecine du travail et/ou préventive”, ou encore, le libéral. « Notre objectif n’est pas la compétence infirmière… mais celle d’infirmier sapeur-pompier » précise Jérémy Bouchez, infirmier de sapeur-pompier professionnel (ISPP) capitaine au sein du SDIS 60 qui compte actuellement 66 ISPV. Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas là pour leur apprendre des gestes professionnels de leur quotidien. Notre objectif est l’acquisition de compétences stratégiques afin qu’ils puissent effectuer les missions dévolues aux ISPV ». En effet, un infirmier sapeur-pompier est avant tout un pompier. 

Des brevets nationaux et des certificats départementaux

Concrètement, la formation au sein d’un SDIS alterne entre théorie (environ 10 jours) et pratique sur le terrain, et se déroule sur près d’une année. Par exemple, le parcours de formation au sein du SDIS 60 comprend, outre une formation d’intégration, différents modules : secours d’urgence aux personnes, secours aux victimes et accidents de la circulation (SUAP), tronc commun sécurité civile, “Aptitude” niveaux 1/2/3, “Urgence” niveaux 1/2/3 et “Unité de soutien psychologique”. Des modules de formation qui, pour certains (SUAP, tronc commun sécurité civile…), peuvent faire l’objet d’une validation des acquis (VAE) facilitant ainsi l’obtention du Brevet d’infirmier de sapeur-pompier délivré par l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) basée à Aix-en-Provence. Ce Brevet, qui contient aussi un diplôme interuniversitaire (DIU) en Urgences et Santé publique à l’usage des SDIS, permet d’être infirmier de sapeur-pompier breveté. Il s’agit d’un diplôme national alors que les SDIS délivrent des certificats au niveau départemental. À noter par ailleurs, le maintien des acquis qui est effectué chaque année afin de consolider les compétences et/ou s’initier à de nouvelles. 

Dix compétences stratégiques de “métier-activité” 
Agilité d’apprentissage, pensée critique, résilience, collaboration étroite, résolution de problèmes, dextérité numérique, empathie, autonomie, mentalité de diversité, hypothéto-déductibilité (émission d’hypothèses, recueil de données puis test des résultats obtenus pour appuyer ou réfuter les hypothèses).

Il y a une agilité d’apprentissage multirisque et la connaissance métier peut vraiment être mise en valeur auprès des employeurs

 

Ces compétences acquises en matière d’urgence, de médecine d’aptitude et de prévention, de formation, d’aide médicale d’urgence…, finalement, permettent aux ISPV de devenir référents (“Aptitude”, “spécialités”, "Véhicule léger du secours médical" (VLSM), "Véhicule du soutien sanitaire opérationnel"(VSSO), “Formation”, etc.) au sein des SDIS… Ou bien, hors les murs de ces structures, d’évoluer vers d’autres postes que ceux qu’ils occupaient jusqu’alors, comme par exemple ceux d’infirmier militaire opérationnel, d’IDE de consultation ophtalmologie, d’infirmier sur chantier, de perfusionniste interventionniste cardiologie… Des ISPV arrivent ainsi « à cranter dans leur profession », constate Jérémy Bouchez. Et de poursuivre : « Il y a une agilité d’apprentissage multirisque. Nous sommes prêts à dire les expériences, expertises et compétences acquises chez nous (conventions employeurs en temps et/ou en formation), Certes au niveau de la reconnaissance métier, il n’y a pas d’équivalence grade licence, master. Néanmoins, la connaissance métier peut vraiment être mise en valeur auprès des employeurs. » Bref, un terrain de formation continue qui permet aux IDE de « vraiment progresser dans leur carrière ».

Les Services de santé et de secours médical en chiffres (SSSM)
•    13 169 sapeurs-pompiers (dont 95% de volontaires).
•    8 495 infirmiers issus pour plus de la moitié du secteur hospitalier (60%), 18% du libéral et autres (22%) et âgés en moyenne de 39 ans.
•    244 110 interventions (médicalisées, paramédicalisées, médico-psychologiques, dont 74 234 protocolisées. Parmi les 230 454 interventions au profit de la population, 192 266 étaient paramédicales (IDE) et 29 939 médicales (médecin + IDE). Parmi celles au profit des sapeurs-pompiers (13 656), 5 868 étaient paramédicales (IDE) tandis que 1 100 étaient médicales (médecin + IDE).
•    3,3%, c’est la part du soutien sanitaire dans les interventions des SSSM.
Source : Statistiques des SDIS, édition 2022 sur données 2021, ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer

Pour en savoir plus :
- Les 13es Journées nationales des infirmiers de sapeurs-pompiers (JNISP) à Saint-Brieuc les 9-10 novembre 2023.
- Association nationale des infirmiers sapeurs-pompiers
- Ordre national infirmier
- Concours Pompier

*Propos recueillis lors de l’atelier “Formations et terrain de stage“ organisé lors du Salon Infirmier-SantExpo 2023.


Source : infirmiers.com