La réaction du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) intervient à la suite de la contribution soumise par la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) et qui s’inscrit dans le contexte complexe de la refonte du métier et de la formation. Parmi ses propositions, figure en effet l’idée de créer à la suite de la licence un Master 1 commun entre les différentes spécialités (IBODE, IADE, IPDE, IPA), dont un deuxième semestre pendant lequel les étudiants s’orienteraient vers le parcours qu’ils souhaitent ensuite suivre en Master 2, consacré, lui, à la spécialité choisie. Or, pour le SNIA, une telle organisation nuirait à la qualité de la formation des infirmiers anesthésistes.
La crainte d'une dégradation de la formation IADE
Mettant en avant les spécificités et les responsabilités de cet exercice (autonomie de prise de décisions, mise en œuvre d’un raisonnement clinique, connaissances spécifiques dans plusieurs domaines…), le syndicat assure que le référentiel de formation de ces professionnels est particulièrement dense. « Le référentiel de formation des IADE a fait l’objet d’une réflexion minutieuse lors de la réingénierie du diplôme réalisée en 2012 », rappelle-t-il, notant qu’il « aura fallu, au moment de cette refonte des processus, trouver des solutions pour concilier le niveau expertise clinique requis, l'impératif d’employabilité et la logique universitaire dans une temporalité de 24 mois de formation qui, les étudiant(e)s infirmier(e)s-anesthésistes le constatent tous les jours, est extraordinairement soutenue. » L’idée d’un Master 1 tronc commun réduirait ainsi le temps de formation des étudiants et nuirait à sa qualité, qui ne rencontrerait alors plus les attendus liés aux prérogatives des IADE. « Elle génèrerait une baisse globale du niveau de compétence professionnelle qui serait alors préjudiciable à la sécurité des patients. » Avec, en bout de ligne, des patients qui pourraient en pâtir, argue-t-il.
À l’heure actuelle, seuls les infirmiers puériculteurs ne bénéficient pas du grade Master, faisant de la réingénierie de leur formation une urgence, rappelait récemment Peggy Alonso, présidente de l’Association nationale des infirmiers puériculteurs (ANPDE). L’universitarisation de la formation des infirmiers de bloc donnant lieu à la délivrance d’un diplôme de grade Master n’est, elle, effective que depuis 2022.
Il est "essentiel" d'échanger
Du côté de la FNESI, on entend les arguments du SNIA et insiste sur l’importance de pouvoir dialoguer avec l’ensemble des acteurs associés à la question et de la refonte du métier, et de celle du métier. « Nous sommes disponibles pour échanger avec n’importe quel acteur », réagit Pauline Bourdin, la présidente de la Fédération. « Nous avons beaucoup de travail sur la question de la formation, donc il est essentiel qu’on puisse échanger. » Si la proposition n’est encore qu’une piste de réflexion, « il y a des enseignements que les spécialités ont en commun », le Master 1 permettant alors aux étudiants de choisir le parcours qu’ils souhaitent suivre en deuxième année. « Comme cela se fait dans l’enseignement supérieur », ajoute-t-elle. « La formation, c’est l’avenir, elle doit évoluer. »
À noter que les travaux sur ces réflexions ne sont, quoi qu’il arrive, pas à l’ordre du jour. En effet, la mise en œuvre de la réforme de la formation, dont les travaux viennent tout juste de débuter, n’est prévue que pour la rentrée de septembre 2025, au lieu de 2024. Et elle ne concernera que la formation socle de 3 ans, précise Pauline Bourdin. « Nous n’avons pas de temporalité » quant à la poursuite des études infirmières. « La refonte de la formation est liée à celle de la profession. Il va falloir adapter les formations en fonction des compétences et des référentiels de chaque spécialité », termine-t-elle.
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