La refonte de la formation infirmière pourra-t-elle être effective à compter de la rentrée 2025 ? Rien n'est moins sûr. La dissolution parlementaire, le 9 juin dernier, a mis en suspens le groupe de travail dédié à ces réflexions, qui n'ont toujours pas repris. Le 17 septembre, le Comité d'entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) exprimait ses craintes, c'est désormais au tour de l'Association nationale des directeurs d'école paramédicale (Andep) de faire part de son inquiétude. Sa présidente, Florence Girard, a fait le point avec Hospimedia ce 27 septembre. Elle propose de décaler le déploiement à septembre 2026. «C'est une réforme très importante pour notre profession, pour les étudiants également, nous nous devons de faire les choses bien», explique la présidente de l'Andep. Et cette dernière de détailler «des inquiétudes légitimes».
Des délais contraints
La refonte de la formation a déjà été décalée. Elle devait initialement être effective à la rentrée 2024. Face au retard pris, et sous la pression des acteurs, il a finalement été décidé en novembre de l'année dernière de reporter d'un an son déploiement. «Les textes devaient tout de même être arrêtés à l'été 2024, pour laisser le temps aux instituts, aux universités, aux régions, de préparer sereinement la rentrée», se souvient Florence Girard. Or, ce 27 septembre, les différents travaux restent en suspens.
L'inquiétude de l'Andep se situe à plusieurs niveaux. D'abord, la multitude de précisions à apporter au contenu n'est pas sans impact. Le référentiel métier n'est lui-même pas arrêté, ce qui a logiquement un impact sur la préparation du référentiel formation. Parmi les éléments à trancher ou préciser, figure aussi par exemple le nouveau volume horaire de 4 600 heures d'enseignement théorique et clinique, pour coller aux standards européens, «à placer sur les trois années». C'est 400 heures de plus qu'actuellement, dans le même espace-temps. «On peut aussi penser que la formation par simulation pourrait être renforcée sur les situations cliniques. Mais dans quelle mesure ? Avec quel dosage ? La simulation ne pourra pas remplacer les stages», souligne Florence Girard.
Une co-construction à venir
En outre, le référentiel de formation ne sera pas prescriptif, comme c'est le cas dans la version datant de 2009. Ce qui implique que le cadre national sera en partie personnalisable en fonction des besoins du territoire. Une fois ce référentiel rédigé, il restera donc encore aux différents acteurs à co-construire les maquettes. «Selon ce qui a été acté, et c'est l'esprit de la réforme, les présidents d'université délivreront désormais le diplôme d'État infirmier, au grade licence. On ne peut imaginer une construction qui n'implique pas à la fois les instituts de formation en soins infirmiers et les universités», insiste Florence Girard. Il faudra aussi avoir le temps de conventionner avec un troisième acteur, la région, en tenant compte des «spécificités des territoires» et «plus largement penser tout un écosystème, comme les droits universitaires des étudiants», complète la présidente.
Grosse problématique autour des stages
Concernant plus spécifiquement les stages, une «grosse problématique demeure». «En l'absence de cadrage comment informer les structures d'accueil et les encadrants ?», interroge Florence Girard. Sans oublier un passage des projets de textes devant les instances nationales. Or, rappelle-t-elle, ces dernières se réunissent dès février-mars pour la rentrée de septembre. Enfin, celle qui est aussi référente Parcoursup pour les instituts de formation en soins infirmiers pointe la nécessité «de mettre sur la plateforme les informations justes pour les candidats, et de leur donner en toute transparence les éléments pour la rentrée 2025». La plateforme ouvre en décembre. Les délais pour renseigner l'ensemble des informations seraient, là aussi, particulièrement courts.
Face à toutes ces inconnues, la présidente de l'Andep a consulté ses troupes. «J'ai sondé les directeurs d'instituts. Sur plus d'une centaine de réponses, ils m'ont en très grande majorité fait part de leurs inquiétudes et de leurs souhaits de report. Nous ne voulons pas d'un copier-coller, ni que cette réforme soit prise à la légère», confie-t-elle. Signal d'un possible mouvement dans les prochains jours : le groupe sur l'universitarisation des professions de santé devrait reprendre l'ouvrage ce 2 octobre.
Retrouvez l'intégralité de l'article d'Hospimedia à cette adresse.
FORMATION PROFESSIONNELLE
Santé sexuelle : « Les soignants ont encore du mal à aborder la question»
ENQUÊTE
77% des étudiants en soins infirmiers ont envisagé d’abandonner leurs études
REFONTE DE LA FORMATION
L'idée d'un tronc commun en master hérisse les infirmiers spécialisés
SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
3 concours ouverts pour des formations paramédicales au sein du Service de santé des armées