Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Les Pigeonnes en blouse blanche réussissent leur envol

Publié le 08/01/2013

Après les mouvements des entrepreneurs pigeons puis des médecins nés sur Facebook à l’automne, le collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » (NBNNNP) initié dans la foulée sur le même réseau social et composé principalement d’infirmiers et d’aides-soignants s’est mobilisé le lundi 7 janvier 2013 au travers de plusieurs rassemblements à Paris et en province. L’objectif : se rassembler et dénoncer conjointement la dégradation de leurs conditions de travail, leur manque de reconnaissance et de revalorisation de leurs professions. Les grands médias nationaux ont suivi...

Deux mois et demi après sa création sur Facebook par une infirmière parisienne souhaitant garder l’anonymat, le collectif « Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes » vient de passer à l’action concrète en organisant le lundi 7 janvier une journée nationale de mobilisation pour dire sa colère et son mal-être. Ce mouvement, qui regroupe désormais près de 29.000 infirmier(e)s, aides-soignant(e)s, auxiliaires de puériculture, étudiants du secteur de la santé et cadres de santé, refuse un système qui privilégie « la rentabilité au détriment de la qualité et de la sécurité des soins ».

Une « pause café » symbolique à Paris

A Paris, devant le ministère de la Santé, tout comme dans les grandes villes de province (Clermont-Ferrand, Caen, Rennes, Orléans, Cormontreuil, Metz, Toulouse, Marseille, Nice, Amiens, Lyon, Lille) leurs revendications, dénoncées à l’unisson, portaient donc essentiellement sur les conditions de travail, la reconnaissance, la formation et la rémunération. Parmi celles-ci, citons notamment « la remise en place immédiate de la reconnaissance de la pénibilité de nos métiers instaurée par François Fillon en 2003 et détricotée par la suite » (…), la mise en place de postes supplémentaires, l’instauration d’un ratio soignant/patient, ou encore la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. Concernant la reconnaissance et la formation, le collectif réclame « l’aboutissement rapide de la réingénierie des diplômes d’Ibode et de puéricultrice afin que toutes les spécialités puissent être reconnues au niveau master », la reconnaissance et la gratification « des formations supplémentaires » tels les DU de soins palliatifs, de conseillère en lactation... ainsi qu’un « véritable statut pour les aides-soignants ». Concernant enfin la question des rémunérations, le collectif exige « des revalorisations salariales à la hauteur de notre niveau d’études, de nos compétences et de nos responsabilités ». Il réclame aussi pour l’exercice libéral « la revalorisation de la NGAP, obsolète, la revalorisation des indemnités kilométriques, la création d’une nouvelle clé pour l’ETP », et plus globalement « l’intégration des primes pour le calcul de la retraite ».

Flash mob au Capitole

A Toulouse, c’est sur la place du Capitole que le collectif s’est réuni à 16h45. Malgré le froid glacial, une vingtaine de membres étaient présents et ont réalisé sous l’œil quelque peu ébahi des Toulousains une danse de Hakka, en clin d’œil au rugby, sport de référence local. Qu’il s’agisse d’Amandine, aide-soignante de nuit dans un Ehpad du Tarn, de Nathalie, infirmière de nuit en service de réanimation dans le secteur privé, de Céline, jeune infirmière diplômée depuis trois ans et intérimaire en recherche d’un poste fixe en région toulousaine, ou encore, de Claire, infirmière libérale déjà en reconversion professionnelle malgré sa faible ancienneté dans la profession, toutes, en dépit de modes d’exercice très divers, étaient mobilisées pour dénoncer les glissements de postes, une rentabilité passant au premier plan, les cas de burn-out après seulement trois  à cinq années d’exercice, le stress permanent, le décalage entre l’école et la réalité du terrain…


 
Comme à Toulouse, ces mobilisations éclair dans plusieurs villes de l’Hexagone ont réussi, sinon à réunir de nombreux soignants, du moins à donner une visibilité médiatique au mouvement. Les grands médias nationaux – et régionaux - : Libération, Le Monde, Europe1, Le Figaro, Le Parisien, Les Echos, RTL, Rue 89… pour ne citer qu’eux ont relayé les actions donnant au groupe la belle visibilité qu’il lui manquait jusqu’à présent.

En outre, une pétition ayant recueilli plus de 5.000 signatures a été mise en ligne. Leurs auteurs appellent les soignants à les rejoindre et les patients à les soutenir afin de défendre leurs « statuts de soignants et la qualité des soins, et forcer le gouvernement à une réforme ».

Apolitique et asyndical, ce groupe se structure donc de façon notable et se fédère en une association dont les statuts seront déposés ce jour en préfecture. Alexandra Saulneron en reste la présidente. Cette dernière rappelle également que le mouvement NINNNP s'est récemment insurgé contre un projet d’harmonisation européenne de la qualification professionnelle des infirmières (vote prévu courant janvier 2013) qui viserait à réduire à dix ans le nombre d’années d’études secondaires avant d’entrer en formation. "Nous avons écrit aux députés européens pour les mettre en garde et leur rappeler qu'en tant qu'experts des soins, ce projet est une aberration qui menace gravement les futurs soignants et les patients".

« A ne pas rater à 13h30 ce jour : Sarah Guerlais, vice-présidente des Ni bonnes, Ni nonnes, Ni pigeonnes" sera en direct dans l'émission "le magazine de la santé" sur France 5.. . »

A l’aube de cette nouvelle année, le groupe NBNNNP entend bien surfer sur la dynamique initiée et devenir une force de propositions afin que l’exercice professionnel des soignants ne soit plus autant mis à mal.

Valérie HEDEF-CAPELLE
Journaliste, rédactrice Infirmiers.com
valerie.hedef@orange.fr


Source : infirmiers.com