Alors que les troubles musculo-squelettiques (TMS), et particulièrement les douleurs de dos, font partie des facteurs d’absentéisme dans les établissements de santé et médico-sociaux, le secteur semble bouder les innovations qui pourraient favoriser une amélioration de la posture des professionnels. C’est le cas de l’"ErgoWear", un dispositif intégré à une blouse de travail ou un polo 100% français inventé par un diplômé en ressources humaines.
Claude Vitteau a 23 ans. Pompier volontaire depuis ses 16 ans, il est également diplômé en ressources humaines. Dans ce cadre, il se passionne pour la qualité de vie au travail.
Une idée née pendant des séances chez son kinésithérapeute
Victime d’une sciatique il y a quelques années, le jeune homme apprend chez le kinésithérapeute à se redresser le dos en utilisant un élastique. C’est alors qu’il a une idée : incorporer un élastique dans un vêtement de travail pour corriger les postures et prévenir les douleurs dorsales chez les professionnels particulièrement exposés , comme ses collègues pompiers, infirmiers, aides-soignants, logisticiens...
Associé à une couturière, une ergothérapeute et un kinésithérapeute, ils créent ensemble une société et, après plusieurs essais, ils mettent au point un prototype d’aide au maintien de la posture, l’"ErgoWear". Ce dispositif est ainsi adapté à toutes les morphologies et conçu pour que l’utilisateur règle lui-même la tension de l’élastique et la correction de sa position.
Un habit de travail comme instrument de prévention aux TMS
Décliné en deux versions, une blouse de soins et un polo, l’"ergo wear" sera commercialisé en 2020. Des entreprises du bâtiment ont manifesté leur intérêt pour ce produit, mais les établissements hospitaliers ne sont pas convaincus, comme certains médecins du travail. Pourtant, l’ErgoWear a été lauréat du concours de la Fabrique Aviva, a été testé avec réussite auprès des sapeurs-pompiers de Lyon et a déjà séduit des agences bancaires. L’habit de travail classique devient un moyen de prévention, de lutte contre les douleurs dorsales et les troubles musculo-squelettiques (TMS), pour un prix d’environ 30€. Rien de comparable avec le coût des TMS pour la sécurité sociale, estimé à environ 1 milliard d’euros par an par la CARSAT.
Aujourd’hui, en France, 7 personnes sur 10 déclarent avoir des douleurs de dos. Les TMS, et plus particulièrement les douleurs de dos, impactent les entreprises et les organisations sur le plan financier (augmentation des cotisations, remplacement de salariés absent), social (démotivations des salariés, tensions internes), organisationnel et productif (désorganisation, manque de personnel). Les TMS peuvent apporter stress, burn out ou autre risques psychosociaux au salarié . Au-delà de la vie professionnelle, ils peuvent également impacter sa vie privée.
Décliné en deux versions, une blouse de soins et un polo, l’"ergo wear" sera commercialisé en 2020.
Le milieu de le santé reste frileux
Quel sera le choix fait par les établissements hospitaliers dans les années à venir ? Les conséquences financières des douleurs dorsales sont-elles vraiment inférieures à l’équipement des personnels soignants d’une structure pour s’en prémunir ?
L’ErgoWear est fabriqué et assemblé dans la plaine de l’Ain, et Claude Vitteau compte bien en faire un produit 100% français à 20€, en fonction du nombre d’unités produites, se rapprochant ainsi du prix des tuniques utilisées dans les soins. Compte tenu du besoin, d’autres fournisseurs devraient se positionner à l’avenir, et peut être convaincre le milieu hospitalier et gériatrique.
André Roche
Cadre de santé formateur
IFSI Hôpital du Gier, St-Chamond (42)
Master 2 Management des organisation de Santé
a.roche@hopitaldugier.fr
AFFAIRE JUDICIAIRE
Strasbourg : une infirmière mise en examen pour meurtre sur deux patients
SECRÉTARIAT INTERNATIONAL DES INFIRMIÈRES ET INFIRMIERS DE L'ESPACE FRANCOPHONE
Rendez-vous au 9e Congrès mondial des infirmiers francophones
DÉBAT VIDÉO
Infirmier en psychiatrie : un métier motivant au-delà de la crise
PUERICULTURE
« Puéricultrice est l’un des seuls métiers infirmiers à la fois médical et médico-social »