Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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Edito - Où va-t-on ?

Publié le 25/01/2013

Il suffit de quelques titres égrenés ces jours derniers par la presse nationale ou régionale, spécialisée ou non, pour s’inquiéter, s’offusquer, se révolter... et surtout s’interroger :
- « Villeneuve-Saint-Georges : mort et oublié dans les toilettes de l’hôpital » ;

- « A 90 ans, elle est retrouvée sans vie dans les jardins de l’hôpital Sainte-Périne »
- « Alençon : certains étudiants en soins infirmiers font les poubelles pour manger » ;
- « Infirmière, mes journées durent parfois 15 heures et on m'en demande toujours plus » ;
La question qui me taraude est donc celle-ci : où va-t-on ?

- Où va-t-on quand, le 5 janvier, Jean-Marcel, 50 ans, est retrouvé mort dans des toilettes pour handicapés de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), trente-six heures après y être entré ?..
- Où va-t-on quand, le 17 janvier, l’absence d’une patiente de 90 ans hospitalisée à l’hôpital Sainte-Perine (AP-HP) est constatée à 21h50, après un « dernier contact direct avec le personnel » survenu à 21h30, et que son corps est retrouvé sans vie le lendemain en début d’après-midi, dans le parc de l’établissement, après une nuit au froid plus qu’hivernal ?
- Où va-t-on quand « L'Assepsie », association étudiante de l'Ifsi de la Croix Rouge, à Alençon, tire la sonnette d'alarme et alerte les pouvoirs publics : une enquête révèle que 62% de ceux qui fréquentent cet Ifsi rencontrent des problèmes financiers ? Beaucoup ont en effet plus de 28 ans et n'ont plus droit aux traditionnelles « bourses ». Désargentés, ils le sont vraiment et trois ans d’études c’est long...
- Où va-t-on quand cette infirmière déclare « Les soins relationnels, le "prendre-soin", la bienveillance, tous ces petits plus dans les soins qui font la différence ne peuvent plus être assurés. (…)  Nous sommes tous de futurs patients et je voudrais pouvoir soigner comme j'aimerais qu'un proche le soit » ?

Oui, où va-t-on quand la surveillance élémentaire d’une patiente souffrant de troubles cognitifs échappe aux soignants ?
Où va-t-on quand une porte de toilette hospitalière fermée 36 heures durant n’inquiète personne ?
Où va-t-on quand on laisse sans revenus des étudiants qui ont choisi la voie du soin à autrui ?
Où va-t-on quand le rôle propre infirmier ne peut plus s’exercer et que les valeurs du soin ne cessent de se dégrader jusqu’à disparaître ?

Reste encore une question après ce court développement de ces « faits d’hiver » qui en appellerait bien d’autres : comment en arrive-t-on là ?
Au-delà des responsabilités des uns et des autres, des dégradations du système de santé, de la déliquescence des conditions de travail qui ne peuvent en aucun cas excuser ces situations inacceptables, reste une ultime question : pourquoi y va-t-on ?
Ne sommes-nous pas arrivés au bout du bout de ce qui est acceptable ?

Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef Infirmiers.com
bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com