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INFOS ET ACTUALITES

Édito – Droit d’option, turbulences ordinales, etc

Publié le 04/03/2011

Interrogée par l’agence APM ce lundi 28 février, la direction de l’AP-HP indiquait que 4.121 infirmiers avaient opté pour la catégorie A, 2.037 la catégorie B, mais que 17.280 infirmiers n'avaient pas encore répondu. Pour une majorité d’agents de la Fonction publique hospitalière, qu’ils soient franciliens ou non, le choix est à l’évidence difficile. La publication de nos trois articles consacrés à la question n’intervient donc pas trop tardivement, contrairement à ce que nous avions d’abord craint.

Il faut dire que pour nous aussi, leur rédaction n’a pas été des plus simples … Cela nous suffit pour pondérer l’argument complètement vrai, mais insuffisant, de la diversité des carrières et des préférences de vie personnelles des agents pour expliquer la difficulté du choix : si nous, dont le métier est de se documenter, d’analyser les infos et de les restituer le mieux possible à nos lecteurs, avons du mal à exposer les données de ce droit d’option, qu’en est il pour les premiers concernés !

Cela tient en grande partie à la complexité de la fonction publique elle-même, d’où l’article de rappel sur les notions de catégorie et de grades. L’administration nous rétorquera qu’elle a fait un bel effort de pédagogie en publiant plusieurs documents explicatifs. C’est vrai, mais il faut quand même se taper la lecture de quelques dizaines de pages arides où le lecteur est supposé en savoir déjà pas mal.

La principale difficulté est en fait ailleurs : pour faire court, nous sommes passés d’un mode de gouvernement où les électeurs sont censés avaliser les décisions des élus jusqu’à la prochaine élection à un mode de gouvernement – le mot à la mode est gouvernance – où les électeurs et les administrés veulent avoir leur mot à dire sur les décisions qui les concernent y compris entre les élections. Les dirigeants pensent l’avoir compris : ils nous donnent le choix. Mais ils l’ont mal compris : ils nous posent le choix dans les termes qui sont les leurs.

Le vingtième siècle a été celui des avant-garde. Lénine, qui s’y connaissait puisqu’il a dirigé la révolution communiste en Russie, avait pourtant donné un avertissement très pertinent : un pas devant le peuple, pas deux. Évidemment, on va moins vite … mais sans doute plus prudemment.

Le conseil est de toute façon daté. Au vingt-et-unième siècle, citoyens et administrés (et agents !) tiennent au minimum à une information complète, fiable et compréhensible. Le Conseil national de l’Ordre l’a compris un peu tardivement. Le ministère de la santé pas du tout, à moins que ses enjeux soient ailleurs : ne citons que les incertitudes sur l’avenir de l’Ordre, et celles sur l’AFDEF, dont le maintien est promis sans nous dire comment.

Tout indique que 2011 sera une année cruciale pour la profession infirmière. Ce qui lui arrivera dépendra de la capacité de nos dirigeants, mais aussi de la nôtre, à réinventer le dialogue social, c’est-à-dire en définitive la démocratie, rien de moins. Car il ne s’agit pas seulement de l’avenir de nos métiers. N’en déplaise aux nostalgiques et aux prophètes, ça n’est pas simple et il n’y a aucun modèle à suivre nulle part dans le monde. C’est pour cela qu’avant de s’en prendre aux personnes, il est plus sain d’affronter les problèmes communs aux uns comme aux autres.

Serge CANNASSE
Rédacteur en Chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com


Source : infirmiers.com