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SCOLAIRE

Des infirmières scolaires désarmées face à la violence

Publié le 13/12/2012
Des infirmières scolaires désarmées face à la violence

Des infirmières scolaires désarmées face à la violence

7.335 infir­mières sco­laires, puisqu'il s'agit très majo­ri­tai­re­ment de femmes, exercent en France en 2012. Mais que sait-on vrai­ment d'elles ? VousNousIls.fr a recueilli le témoi­gnage de ces acteurs clés de l'éducation, en pre­mière ligne face aux phé­no­mènes de violence. Cet article est paru le 10 décembre 2012 sur le site vousnousils, l’emag de l’éducation, que nous remercions de cet échange productif.

Cet article est paru le 10 décembre 2012 sur le site vousnousils, e-mag de l’éducation.

Coups de poings, de com­pas, de cut­ter... En matière de vio­lence, les infir­mières sco­laires ne s'étonnent plus de rien. Ou presque : « Le grand jeu en ce moment c'est de tra­ver­ser les routes Nationales les yeux fer­més », confie Valérie Cottin, infir­mière à Trappes (Yvelines) et auteur d'un ouvrage sur son quo­ti­dien. « Et il y a des codes », ajoute-t-elle, « il suf­fit par exemple de ren­trer dans les toi­lettes en par­lant pour être frappé. » Joëlle Cerezo, infir­mière dans un col­lège du 15e arron­dis­se­ment de Marseille, est décon­cer­tée face à cette aug­men­ta­tion de la bru­ta­lité, spé­cia­le­ment des gar­çons envers les filles : « l'inquiétant c'est qu'il y a des filles qui ne trouvent pas anor­mal de se faire frap­per si elles ont eu tort... » Marie-Christine, en poste dans un lycée pro­fes­sion­nel à Bourges (Cher), note une pro­gres­sion des jeux dan­ge­reux : « mais au lycée, ce sont plu­tôt les cyber inti­mi­da­tions et les humi­lia­tions qui gagnent du ter­rain. Certains élèves envoient jusqu'à 250 SMS par jour ! »

« L'inquiétant c'est qu'il y a des filles qui ne trouvent pas anor­mal de se faire frap­per si elles ont eu tort... »

Le refuge des élèves en échec

Face à cela, les infir­mières n'ont qu'un moyen d'action : le dia­logue et la pré­ven­tion. Loin de se can­ton­ner aux visites médi­cales obli­ga­toires, elles « écoutent, soignent et dépistent », rap­pelle Valérie Cottin. Elles sont aussi habi­li­tées à renou­ve­ler les pres­crip­tions de contra­cep­tifs oraux, datant de moins d'un an, ainsi qu'à déli­vrer la pilule du len­de­main. « Très peu de gens savent ce que nous fai­sons, y com­pris parmi nos par­te­naires proches », estime-t-elle. « Avant nous fai­sions sur­tout de la bobo­lo­gie. Aujourd'hui, ce n'est que 10% de notre temps. »
A les écou­ter, il n'y a pas de jour­née type et il arrive que les demandes se bous­culent : « dans les établis­se­ments sen­sibles, l'infirmerie est le refuge des élèves en échec et l'échappatoire pour sor­tir de cours », témoigne Joëlle Cerezo à Marseille. « Quand il y a trop de monde, je ne peux pas tou­jours répondre effi­ca­ce­ment. Ceux qui reviennent plu­sieurs fois, j'essaie de les gar­der 1h. Je vais dans leur sens, sans juger. Mon but c'est qu'ils réus­sissent alors, par­fois, je leur fais révi­ser une leçon. »
Marie-Christine indique qu'il faut être patient et atten­tif pour déce­ler cer­tains maux : « Quand un élève com­mence par “Madame, est-ce que je peux vous deman­der quelque chose ?”, c'est sou­vent le signe que ça ne va pas fort. » Autre ten­dance, selon elle : « dans mon sec­teur, les parents ont de moins en moins de temps et d'argent. Du coup, ils envoient leurs enfants vers nous plu­tôt que chez le médecin. »

Combien d'infirmières scolaires ?

Selon l'édition 2012 de « Repères et réfé­rences sta­tis­tiques » dis­po­nible sur le site du minis­tère de l’Éducation natio­nale, elles sont 7335. Elles, car le métier est quasi exclu­si­ve­ment féminin.

« Quand un élève com­mence par “Madame, est-ce que je peux vous deman­der quelque chose ?”, c'est sou­vent le signe que ça ne va pas fort. »

Dialogue dif­fi­cile avec cer­tains profs

Tenues au secret médi­cal, toutes l'assurent : « Rien ne sort de notre bureau. C'est la base de la confiance avec les élèves. Il est même dif­fi­cile de faire com­prendre à cer­tains profs que nous ne pou­vons pas être dans la sanc­tion », insiste Joëlle Cerezo. Seule excep­tion : lorsque l'élève est en dan­ger, « dès lors que nous avons connais­sance de faits graves, de menaces de mort, d'une ten­ta­tive de sui­cide ou de révé­la­tions », pré­cise Valérie Cottin.

Écoute, orien­ta­tion, éduca­tion à la santé et à la sexua­lité, pré­ven­tion face aux conduites addic­tives... Les infir­mières sco­laires sont sur tous les fronts. Patricia, infir­mière dans un col­lège de Maubeuge (Nord), résume : « Avant un élève venait nous voir parce qu'il était malade. Aujourd'hui, nous devons répondre à un imbro­glio de situa­tions ». Ce qui rend le métier à la fois com­plexe et passionnant.

Charles CENTOFANI


Source : infirmiers.com