Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

12 heures de travail : 1 an après, 3 infirmières témoignent !

Publié le 19/11/2012

Depuis quelques mois les premiers retours d’expériences du travail en amplitude de 12 heures quotidiennes ne semblent pas satisfaire les professionnels. Le blog FO-santé a posé cinq questions à trois infirmières qui travaillent ainsi depuis plus d’un an. Leurs réponses pourront éclairer ceux qui voient dans cette forme d’organisation une solution aux maux actuels du temps de travail à l’hôpital.

Cet article, partagé avec la communauté d’Infirmiers.com par le blog FO-santé que nous remercions de cet échange, est paru le 14 novembre 2012.

Le blog FO-santé a recueilli dans la semaine du 5 au 9 novembre 2012 les témoignages de trois infirmières diplômées d’état : Annie, 59 ans, Fanny 30 ans et Elodie 25 ans.

 

Il y a un plus d’un an, vous étiez favorable à une organisation de la journée du travail en 12 heures. Pouvez-vous expliquer aux lecteurs du blog ce qui motivait cette demande ?

  • Annie - Au départ je n’étais ni pour ni contre le travail en 12 h, on nous a proposé de faire un essai sur six mois, mais ensuite ce cycle nous a été imposé par la direction des soins.
  • Fanny -  Nous n’avons pas eu le choix, je n’étais ni pour ni contre mais le temps a démontré que c’était un leurre. On nous avait dit que nous travaillerions 36h par semaine avec 4 repos mais dans la réalité ce n’est pas le cas, on travaille régulièrement 48h par semaine et les repos ne sont pas respectés.
  • Élodie - J’étais favorable à la mise en place des 12h pour mon organisation personnelle et avoir du temps libre, or, ce n’est pas le cas !

Certains disent que ce mode d’organisation favorise la vie familiale. Pouvez-vous après plus d’un an de recul dire ce que vous en pensez ?

  • Annie - Je suis tellement fatiguée qu’il m’est impossible de prévoir. Je pense juste à me reposer, je deviens irritable et ma vie familiale s’en ressent.
  • Fanny - Cela aurait pu être bien si le cycle de travail et les repos étaient respectés mais on est sans cesse rappelées, et même parfois on fait 60 h par semaine faute d’effectifs suffisants. Cerise sur le gâteau, maintenant la direction nous impose l’alternance jour /nuit faute de recrutement d’infirmières la nuit, je suis épuisée.
  • Élodie -  Il m’est impossible d’organiser mon temps libre car les plannings sont modifiés en permanence, bien que célibataire j’ai beaucoup de mal à organiser ma vie privée et prévoir des choses.

D’autres pensent que les jours de repos supplémentaires compensent la fatigue de la journée en 12 heures. Qu’en pensez-vous ?

  • Annie - Faux, nous sommes épuisées et nos repos supplémentaires ne sont pas donnés. J’ai plus de 200 heures à récupérer.
  • Fanny Faux, on accumule la fatigue, elle est de plus en plus grande et je n’arrive pas à récupérer. Je dors mal et j’essaie au maximum de rester professionnelle mais jusqu’à quand ?
  • Élodie - Je n’arrive pas à récupérer mes repos supplémentaires, la fatigue commence à peser et maintenant il y a l’alternance jour/nuit, ce qui n’arrange pas les choses. Si cela continue je serais en maladie...

Le fait d’être présent moins souvent à l’hôpital n’a-t-il pas d’incidence sur la qualité des soins, l’esprit d’équipe ou bien encore sur le contact avec le malade ?

  • Annie - Il y a une incidence sur l’esprit d’équipe. Parfois je suis trois mois sans voir mes collègues du service. La qualité des soins ? Oui ! heureusement pour le patient. On fait tout pour la qualité des soins et pour le patient,  mais à quel prix ? Jusqu’à ce que nous soyons malades ?
  • Fanny - Oui pour la continuité des soins, non pour l’esprit d’équipe. Avant on travaillait en binôme et actuellement nous sommes seules et cela nous éloigne des aides-soignants.
  • Élodie - Faux puisque nous avons des plannings établis sur 48h, voir plus.

Après plus d’un an, que dites-vous à ceux qui souhaitent travailler en 12 heures ?

  • Annie - Ils ont torts d’accepter les 12h, c’est très dur et inhumain. On va y laisser notre santé.
  • Fanny - Si les 35h étaient respectées cela pourrait aller, mais ce n’est pas le cas! Jusqu’où iront-ils ?
  • Élodie - Ce n’est pas à conseiller, car invivable, fatigue générale, épuisement et au bout la dépression nous attend peut-être, même le pire.

Article publié le 14 novembre 2012 par le blog FO-santé


Source : infirmiers.com